Chaque territoire abrite des lieux qui témoignent des combats qui ont eu lieu lors des deux conflits mondiaux et qui conservent la mémoire des hommes qui y ont pris part. Afin de permettre à chacun de découvrir ces sites à son propre rythme, les Chemins de mémoire régionaux s’enrichissent à présent de parcours locaux de randonnée pédestre ou cyclotouriste. Chaque parcours a été conçu comme un circuit thématique reliant plusieurs étapes à découvrir à l’aide d’un petit guide historique illustré, consultable sur terminaux mobiles ou téléchargeable. Ainsi est rendue l’échelle humaine des conflits tout en offrant une façon originale de comprendre un territoire et son patrimoine.
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Au XVIIe siècle, revenu guéri du sanctuaire de Loretto en Italie, un peintre originaire d’Ablain-Saint-Nazaire érige un oratoire sur la colline de Notre-Dame-de-Lorette en reconnaissance à la Vierge. Détruit à la Révolution, il est remplacé par une chapelle qui sera à son tour rasée par les bombardements de 1914 et 1915.
Dès le 5 octobre 1914, le plateau de Notre-Dame-de-Lorette est investi par les troupes allemandes. L’intérêt tactique de ce promontoire naturel culminant à 165 m est indéniable. Avec le Mont de Givenchy situé dans le prolongement de la crête de Vimy, cette position permet en effet de dominer le secteur d’Arras et de verrouiller l’accès au bassin minier. Le village de Souchez, également occupé et fortifié par l’armée allemande, constitue la position basse de ce verrou. Durant plus de douze mois, d’octobre 1914 à la fin de 1915, la colline de Lorette devient le théâtre de violents affrontements opposant soldats français et allemands. Durant cette période, les pertes sont estimées à 100 000 hommes.
Notre-Dame-de-Lorette abrite aujourd’hui la plus grande nécropole militaire française. Plus de 40 000 combattants français y sont inhumés, dont 22 000 inconnus au sein de huit ossuaires. Les dépouilles proviennent de plus de 150 cimetières des fronts de l’Artois, de Flandre, de l’Yser et du littoral belge. Ả l’intérieur de la Nécropole, les travaux de construction d’une basilique aux allures « romano-byzantines » sont engagés dès 1921, sous l’impulsion de l’évêque d’Arras, Mgr JULIEN. Cette basilique est l’œuvre de l’architecte lillois Louis-Marie CORDONNIER, tout comme la Tour lanterne, haute de 52 m, qui lui fait face. Le phare de cette dernière symbolise la flamme du souvenir.
Photos credits: P. Frutier / Archives Départementales du Pas-de-Calais
Investi en octobre 1914, le village de Souchez est resté près d’une année aux mains des troupes allemandes. Définitivement conquis par les Français le 25 septembre 1915, le bourg est dans un état de dévastation totale au lendemain de l’armistice.
Les travaux de déblaiement débutent dès 1919. La tâche se révèle toutefois considérable. En novembre 1921, la commune ne compte que 66% de population civile réintégrée. A cette date, les habitants ne disposent que de baraquements provisoires. Pour sa reconstruction, Souchez bénéficie des dommages de guerre et reçoit également le parrainage du quartier londonien de Kensington. L’église, qui abrite de jolis vitraux, a été reconstruite à partir de 1928. A proximité de la Mairie, édifiée en bordure d’une nouvelle place, le Monument aux morts rend hommage aux soldats originaires de Souchez tombés au combat. Il mentionne également les noms de civils tués en 1914 et 1915 dont l’un a été fusillé par l’envahisseur. Rare vestige antérieur à 1914, le socle de l’ancienne croix de grès, exhumé lors de la reconstruction, est visible à l’angle des rues Pasteur et Curie.
Photos credits: Collection Alain Jacques
Inauguré en mai 1937, le Monument BARBOT rend hommage au commandant de la 77e division alpine, mortellement touché le 10 mai 1915, entre Carency et le Cabaret Rouge, par un éclat d’obus.
Très populaire auprès de ses hommes, le général BARBOT est également surnommé « le sauveur d’Arras » en raison de la résistance farouche qu’il oppose à l’armée allemande dans les faubourgs d’Arras en octobre 1914. Il est enterré à Notre-Dame-de-Lorette sous une croix blanche identique à toutes les autres.
Photos credits: S. Dhote
Regroupant 7 645 sépultures de la Première Guerre mondiale, Cabaret Rouge est l’une des plus grandes nécropoles militaires du Commonwealth de la région. L’appellation « Cabaret Rouge » provient de la dénomination du lieu-dit où se trouvait un petit café, construit de briques et de tuiles rouges, détruit durant les combats de 1915. Les Britanniques ont créé ce cimetière dès leur arrivée dans le secteur, en mars 1916, lors de la relève des troupes françaises. Au lendemain de l’armistice, il est agrandi pour recevoir les dépouilles de 7 000 soldats tombés lors de la bataille d’Arras. Plus de la moitié des soldats inhumés dans ce cimetière n’ont pas pu être identifiés.
Les plans de la nécropole ont été dessinés par l’architecte Frank HIGGINSON. Ả l’entrée, les sépultures sont positionnées de manière circulaire autour d’un monument central qui fait face à la Croix du Sacrifice située à l’autre extrémité du cimetière. En mai 2000, les restes d’un combattant canadien inconnu y ont été exhumés et remis aux autorités canadiennes. Ils reposent désormais dans un sarcophage placé devant le monument commémoratif de la guerre du Canada, place de la confédération à Ottawa.
Photos credits: P. Frutier / E. Roose
La présence de ce monument sur le site du parc canadien de Vimy atteste que, avant la prise de la crête par les Canadiens en avril 1917, d’autres soldats sont parvenus à rejoindre cette position stratégique. Le 9 mai 1915, alors que la Xe armée française lance sa grande offensive en Artois, les hommes de la Division Marocaine, partis du secteur de la ferme Berthonval, percent les lignes ennemies et atteignent la crête de Vimy (côte 140). Faute de renforts, ils sont toutefois contraints au repli sous des tirs meurtriers. Du 9 au 11 mai, la Division Marocaine a perdu 4 207 hommes. Inauguré en 1925, le monument a été réalisé à l’initiative d’anciens combattants de la Division.
Photos credits: Bibliothèque nationale de France (BnF)
Dès le mois de janvier 1917, le commandement canadien reçoit l’objectif de s’emparer de la crête de Vimy. Quelques semaines plus tard, quatre divisions canadiennes sont alignées sur une ligne de front s’étirant du nord du village d’Ecurie à Souchez. La préparation de cette offensive fait l’objet d’un plan très rigoureux. L’attaque, précédée d’une intense préparation d’artillerie, est lancée au matin du 9 avril 1917. Elle se déroule presque conformément aux plans pour les 1re, 2e et 3e divisions qui atteignent leur objectif final en milieu d’après-midi. Au nord de l’offensive, la 4e division qui est chargée de s’emparer de l’extrémité Nord de la crête (côte 145, surnommée « The Pimple »), se heurte à une résistance beaucoup plus importante. La capture du « Pimple » le 12 avril, au prix de l’envoi massif de renforts, marque toutefois la conquête définitive de la ligne de crête de Vimy. Au cours de la période du 9 au 14 avril 1917, cette importante victoire aura néanmoins coûté la perte de 10 600 hommes tués ou blessés. La conquête de la crête de Vimy constitue un événement majeur dans l’histoire de la nation canadienne.
De nos jours, le parc commémoratif canadien de Vimy s’étend sur plus de 100 hectares reboisés de pins et d’érables. La France a concédé à perpétuité cet espace au Canada en 1922. Le terrain, classé en zone rouge, a conservé les stigmates du conflit. Quelques tranchées ont été préservées et aménagées. Elles restituent la proximité entre les lignes canadiennes et allemandes. L’élément le plus impressionnant du parc demeure toutefois l’immense mémorial rendant hommage aux 60 000 Canadiens tombés durant la Grande Guerre. Les deux colonnes jumelles, hautes de 35 mètres, ont été érigées à l’emplacement de la côte 145. L’endroit offre un point de vue spectaculaire sur le bassin minier. La construction du monument a duré onze ans. Imaginé par Walter Seymour ALLWARD, le Mémorial intègre plusieurs sculptures dont celle d’une femme, symbolisant le Canada, qui pleure ses fils disparus. Les noms de 11 285 soldats canadiens, tués en France durant la Première Guerre mondiale et dont les corps n’ont pas été retrouvés, sont inscrits sur le socle du monument.
Une portion du Grange Tunnel est ouverte au public sous la conduite de guides canadiens. Un centre d’interprétation permet d’aborder l’histoire de la bataille.
Photos credits: P. Frutier / Bibliothèque nationale de France (BnF) / S. Dhote / S. Dhote
Situé à mi-chemin des communes de Neuville-Saint-Vaast et de Thélus, le cimetière britannique de Zivy Crater présente la particularité d’être aménagé sur le site d’un ancien cratère de mine. Il n’existe que deux cimetières britanniques de ce type. Le second, distant de moins de 500 m, est celui de Lichfield Crater. Zivy contient les dépouilles de 53 soldats dont cinq non identifiés. Ils appartiennent presque tous à l’armée canadienne. Ces soldats ont perdu la vie au cours de l’attaque lancée sur Vimy le 9 avril 1917. Le cimetière ne comporte aucune stèle. Le nom des combattants qui y sont inhumés figure sur des panneaux fixés sur le mur d’enceinte.
Photos credits: S. Dhote
Occupé depuis octobre 1914 et « débarrassé » de ses derniers occupants civils en janvier 1915, le village de Neuville-Saint-Vaast constitue un important point de défense allemand, puissamment fortifié, fermant l’accès à la stratégique crête de Vimy. En mai 1915, la commune se trouve ainsi au centre de l’offensive française destinée à rompre la ligne de front au nord d’Arras. Le 9 mai, l’assaut des troupes françaises se heurte toutefois à une très forte résistance à l’intérieur du village. Les combats font rage durant quatre semaines. Le 9 juin 1915, le village est entièrement sous le contrôle de l’armée française. En 1917, Neuville-Saint-Vaast sert cette fois de base de départ aux troupes canadiennes dans l’offensive qu’ils préparent contre la crête de Vimy. Ả l’issue du conflit, le village n’est plus qu’un vaste champ de ruines où des milliers de combattants ont perdu la vie.
La commune de Neuville-Saint-Vaast a été complètement reconstruite au lendemain de la guerre. La place du village sur laquelle est situé le Monument aux Morts, a pris le nom de Roland DORGELÈS, auteur du célèbre roman de guerre « Les Croix de bois ». A proximité, sur la façade de la mairie reconstruite, deux inscriptions évoquent les combats et la citation décernée à la commune. L’Ếglise Saint-Laurent, reconstruite dans un style néogothique, a été inaugurée en juin 1925 par Mgr Julien, évêque d’Arras. Plusieurs de ses vitraux rappellent le souvenir de la Grande Guerre. L’un d’eux représente le cimetière de Notre-Dame-de-Lorette. A l’intérieur, de nombreux ex-voto et plaques commémoratives sont également présents. L’édifice a été reconstruit en béton armé. L’inventeur de cette technique de construction, François HENNEBIQUE, est en fait natif du village. Au 64 de la rue du Canada, une plaque précise qu’il y est né le 25 avril 1842.
Photos credits: Bibliothèque nationale de France (BnF) / S. Dhote / E. Roose
Conçue sur une surface de plus de 7 hectares, cette nécropole militaire allemande est la plus grande de France. Elle regroupe les corps de 44 833 combattants allemands dont 8 040 au sein d’un ossuaire. Le cimetière a été créé au lendemain de la Grande Guerre sous le contrôle des autorités françaises, seules autorisées à délivrer des concessions. Il s’agit d’un cimetière dans lequel ont été regroupées les sépultures de soldats allemands dispersées, à l’origine, dans plus d’une centaine de communes du Pas-de-Calais. L’aménagement de la nécropole a été réalisé par le VDK (Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge). Il s’agit d’une association fondée en 1919 par d’anciens combattants. Elle regroupe aujourd’hui de nombreux jeunes qui, au travers de chantiers d’aménagement et d’entretien, œuvrent à « la réconciliation pas dessus les tombes ».
Comme toutes les nécropoles militaires allemandes, le cimetière de la Maison Blanche se fond dans l’environnement en épousant les mouvements du terrain. Une grande place est par ailleurs donnée aux arbres qui symbolisent, selon la mythologie allemande, la forêt veillant au repos du soldat. Sous chaque croix noire sont inhumés quatre corps. Les stèles correspondent aux sépultures de combattants de confession juive. Au centre de la nécropole, un monument porte l’inscription « ich hatt’ einen Kameraden » tirée d’un texte du poète allemand Ludwig Uhland.
La plaine cultivée que l’on découvre en direction de la commune d’Ecurie est le théâtre de combats acharnés en 1915 en raison de la présence d’un important réseau de tranchées fortifiées plus connu sous le nom évocateur de « Labyrinthe ».
Photos credits: S. Dhote / Collection Alain Jacques
Construite en 1928 dans le cadre de la loi Louis LOUCHEUR, cette cité de 16 pavillons individuels sert à l’origine à héberger d’anciens mutilés de guerre employés, pour la plupart, à la surveillance et l’entretien des nécropoles militaires du secteur. Un espace de la cité est également prévu pour l’accueil des familles venues se recueillir sur les sépultures de leurs défunts. Situés symboliquement rue du 11 novembre 1918, les logements portent chacun le nom d’un officier général ayant commandé des troupes en Artois : BARBOT, JOFFRE, FOCH, PÉTAIN, MANGIN…
Photos credits: E. Roose
Inauguré en 1932, ce monument représente une main tenant un flambeau qui semble jaillir du sol au travers des ruines. Il symbolise la renaissance du village après les ravages de la Première Guerre mondiale. C’est d’ailleurs ce message qui figure sur le blason de la commune sur lequel est portée la mention : « 9 mai - Resurgam - 1915» (je ressusciterai). Une arche de béton était autrefois adjointe au flambeau pour marquer l’entrée de la Cité des Mutilés.
Photos credits: E. Roose
Aménagé dès 1919, le cimetière militaire français de la Targette témoigne des nombreuses victimes tombées lors des combats dans ce secteur. La nécropole s’étend sur plus de 4 ha et rassemble les dépouilles de 12 210 combattants français dont 11 443 de la Première Guerre mondiale. Deux ossuaires contiennent les restes de 3 882 d’entre eux. Le strict alignement des croix blanches contraste avec le petit cimetière britannique qui jouxte cette vaste nécropole française. « La Targette British Cemetery », utilisé par les Britanniques à partir d’avril 1917, regroupe 641 sépultures dont trois combattants de la Seconde Guerre mondiale.
Photos credits: P. Frutier / S. Dhote
Le hameau d’Écoivres présente la particularité de posséder une vaste nécropole militaire où sont inhumés des soldats français et britanniques tombés lors de la Grande Guerre. Il s’agit à l’origine d’un carré militaire français où reposent 787 soldats tués lors des combats de 1915, principalement sur la ligne de front située entre Souchez et Neuville-Saint-Vaast. Les Britanniques, qui relèvent les troupes françaises en Artois à partir de février 1916, vont continuer à utiliser ce cimetière pour inhumer leurs morts. Ầ partir de 1917, le secteur est largement investi par les Canadiens en préparation de leur attaque sur la crête de Vimy.
Dans l’enceinte de cette nécropole, on observe la caractéristique Croix du Sacrifice des cimetières britanniques. Il s’agit d’une croix portant sur sa face une épée de St Georges, pointe tournée vers le bas en signe de deuil. La pierre du souvenir portant l’inscription « Leurs noms demeurent à jamais », est également présente dans la mesure où les lieux rassemblent plus de 400 sépultures.
Photos credits: E. Roose
La renommée du petit village de Mont-Saint-Eloi doit beaucoup aux vestiges de son ancienne abbaye du XVIIIe siècle. Cette dernière est entièrement détruite durant la Révolution Française à l’exception de ses deux impressionnantes tours. Situé à une distance raisonnable de la ligne de front, le village a relativement peu souffert des bombardements dévastateurs de la Grande Guerre. Il a ainsi pu conserver un important patrimoine bâti en pierre blanche. Utilisées comme site d’observation, les tours de l’ancienne abbaye ont cependant été la cible des artilleurs allemands ce qui explique leur aspect actuel. Entre 1914 et 1918, le village a constamment accueilli des troupes, d’abord françaises (1914-1915) puis britanniques (1916-1918). En 1917, les troupes canadiennes ont largement investi le secteur. Un aérodrome britannique est par ailleurs implanté à proximité du village.
Photos credits: [portefeuille 96,20] Bibliothèque municipale de Lille / [Cote P906] Bibliothèque municipale de Lille
Le nom de Carency est souvent associé à la « guerre de mines » qui s’y est déroulée durant les premiers mois de 1915. Face aux difficultés rencontrées pour reconquérir le village dès le mois de décembre 1914, l’armée française décide en effet d’engager une véritable guerre souterraine destinée à pousser les Allemands dans leurs retranchements. Il s’agit de creuser des galeries sous les lignes adverses afin d’y déposer des explosifs dont la mise à feu doit permettre la destruction de la position ennemie. Entre assaillants et défenseurs, une véritable guerre d’usure s’engage alors à coup de mines et de contre-mines. Le village, particulièrement dévasté, est finalement entièrement repris aux Allemands le 9 mai 1915 à l’occasion de la vaste offensive lancée par l’armée française en Artois.
Photos credits: Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC)
Situé au pied de la colline de Lorette, le village d’Ablain-Saint-Nazaire est occupé dès le mois d’octobre 1914. Fortifié par les Allemands, il est âprement défendu jusqu’en mai 1915, date à laquelle il est définitivement repris par l’armée française.
Fortement endommagée par les bombardements de 1914 et 1915, l’ancienne église d’Ablain-Saint-Nazaire a été conservée en l’état au lendemain de la Première Guerre mondiale. Elle est aujourd’hui classée au titre des Monuments Historiques. L’édifice a été construit dans un style gothique au XVIe siècle par l’architecte Jacques LE CARON également concepteur de l’Hôtel de Ville d’Arras. Les ruines actuelles permettent d’observer la volumétrie initiale du bâtiment qui comportait, au temps de sa splendeur, trois nefs et une importante tour carrée, haute de 34 mètres. Dès 1915, l’église meurtrie d’Ablain-Saint-Nazaire devient l’un des symboles de la violence des combats en Artois. De nombreux documents et photographies, publiés au cours du conflit, représentent déjà l’édifice ruiné.
Au lendemain de la guerre, Ablain n’est plus qu’un champ de ruines mais la reconstruction du village est achevée dès 1924. La nouvelle église ainsi que le bâtiment abritant la mairie témoignent de ces travaux de reconstruction financés, en grande partie, grâce aux dommages de guerre.
Photos credits: Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC)
À l’automne 1914, aucune des forces en présence ne parvenant à prendre l’avantage sur son adversaire, une ligne continue de défense s’esquisse petit à petit depuis les Vosges jusqu’à la Mer du Nord. Lors de cet épisode dit de « la Course à la Mer », l’armée allemande investit les moindres hauteurs qu’offre le relief en bordure des territoires conquis. Sur le talus des Weppes, l’église de Fromelles offre aux Allemands un avantage stratégique majeur en matière d’observation.
Au sommet du clocher, il est possible de percevoir l’horizon sur la plaine de la Lys, depuis les Monts de Flandre jusqu’au Bassin minier du Pas-de-Calais. Par conséquent, l’église est rapidement prise pour cible par l’artillerie alliée. Au printemps 1916, elle n’est déjà plus que ruines. Reconstruite sur les fondations de l’édifice détruit, la nouvelle église de style néo-roman est consacrée en 1924.
Photos credits: Collection Jean-Marie Bailleul
Avec la mutation progressive du conflit en guerre de position, chaque armée développe des dispositifs destinés à défendre ses lignes. A partir de 1915, les compagnies de pionniers de l’armée allemande érigent ainsi le long du front des ouvrages de béton armé, des bunkers, s’échelonnant en profondeur et conçus pour répondre à des usages précis.
Plusieurs dizaines de ces ouvrages bétonnés sont toujours visibles dans le secteur des Weppes, parmi lesquels le bunker de l’Abbiette, situé à 1000 mètres de la ligne de front. Il s’agit d’un ouvrage de commandement. Sur le parados central, un cartouche précise qu’il a été édifié par la 13e Compagnie de Pionniers bavarois, attachée à la 6e Division allemande. L’ouvrage comprend un large marchepied permettant à des tireurs de prendre appui sur le toit du bunker. L’Histoire retient qu’entre mars 1915 et septembre 1916, le caporal Adolf Hitler, estafette du 16e Régiment d’Infanterie de Réserve bavarois, y a acheminé les ordres du commandement basé à Wavrin. Il revisitera cette position en 1940.
Photos credits: Collection Jean-Marie Bailleul / Jean-Marie Bailleul
Béni en octobre 1922, ce calvaire a été érigé en mémoire du Capitaine Paul Adrian Kennedy disparu le 9 mai 1915 lors de la bataille de la Crête d’Aubers. Touché par un tireur isolé alors que sa compagnie progresse dans les lignes allemandes dans le secteur des Rouges Bancs, le Capitaine Kennedy demande à être laissé sur place. Son corps ne sera jamais retrouvé. Après la guerre, sa mère, Lady E.A. Wilbraham, qui a perdu trois de ses quatre fils lors du conflit, acquiert la parcelle de terrain à l’endroit où son fils Paul a été abandonné et y fait ériger le calvaire. Le Christ d’origine du calvaire est aujourd’hui conservé dans le chœur de l’église de Fromelles.
Photos credits: Collection C. Heddy – Kennedy
Lancée le 19 juillet 1916 en diversion de la bataille de la Somme déclenchée depuis le 1er juillet, la bataille de Fromelles est la première opération à laquelle participent les unités australiennes sur le front occidental au cours de la Grande Guerre. Elle demeure également pour eux l’une des plus meurtrières.
Après une préparation d’artillerie débutée le 19 juillet 1916 à 11h, l’assaut est donné à 18h sur un front de 4 km par la 5e Division australienne et la 61e Division britannique. L’objectif est la prise d’une position saillante surnommée Sugar Loaf (le pain de sucre) face au hameau des Rouges-Bancs à Fromelles. Sur un terrain détrempé par les orages des jours précédents, les vagues successives d’hommes subissent le tir croisé des mitrailleuses allemandes abritées le temps des bombardements préliminaires dans des ouvrages bétonnés, dont certains sont toujours visibles sur le site du parc mémorial. À l’extrémité nord de l’attaque, des Australiens parviennent à franchir la première ligne allemande mais ne peuvent s’y maintenir malgré de violents affrontements. Le lendemain, vers 9h du matin, l’opération est stoppée et n’a procuré aucun gain de terrain. Le bilan de la bataille de Fromelles est très lourd : la 61e Division britannique compte plus de 1 500 hommes hors de combat. Les Australiens déplorent un peu plus de 5 500 soldats tués, blessés ou portés disparus. Face à eux, plus de 1 600 Bavarois sont hors de combat.
Durant les trois jours suivants, sans trêve approuvée, des soldats australiens retournent de leur propre initiative sur le no man’s land pour porter secours à leurs camarades blessés. C’est cet élan fraternel que figure la statue érigée au centre du parc mémorial et intitulée « Cobbers », littéralement « les potes » en argot australien. Inaugurée en juillet 1998, cette œuvre de Peter Corlett a sa réplique dans le jardin du Shrine of Remembrance à Melbourne.
Photos credits: National Collection of the Australian War Memorial / National Collection of the Australian War Memorial / A.S. Flament
Les combats livrés par les Britanniques dans le secteur avant la bataille de Fromelles ont été courts et intenses. Au cours de ceux-ci, plusieurs exploits individuels ont été sanctionnés par l’attribution d’une Victoria Cross (V.C.), la plus haute distinction militaire britannique. C’est ce que rappelle le nom de ce cimetière : V.C. Corner, littéralement « le coin des Victoria Crosses ». De façon tout à fait unique en France, ce cimetière est le seul cimetière exclusivement australien. Il abrite dans les deux fosses marquées d’une croix blanche, les restes de 410 soldats australiens non identifiés retrouvés sur le champ de bataille de Fromelles à la fin de la guerre. Opposé à l’entrée du site, un mur écran reprend les noms des 1299 Australiens portés disparus au lendemain de la bataille de Fromelles, les 19 et 20 juillet 1916. Parmi ces derniers, quelques-uns ont été retrouvés dans les fosses du Bois des Faisans en 2009 et identifiés depuis.
Photos credits: A.S. Flament
Œuvre de l’architecte Sir Herbert Baker, ce cimetière est considéré par beaucoup comme l’un des plus beaux lieux de mémoire à découvrir le long du Front. Comme l’indique son nom, il était attenant à un poste de secours, situé au lieu-dit « Le Trou » situé sur la commune de Fleurbaix, au niveau de la seconde ligne de tranchées britanniques. Là reposent 351 soldats de l’armée britannique tombés lors des différentes batailles du secteur : Le Maisnil (octobre 1914), la bataille de la Crête d’Aubers (9-10 mai 1915), la bataille de Loos (25 septembre au 14 octobre 1915) et la bataille de Fromelles (19-20 juillet 1916). Seuls 149 de ces combattants ont pu être identifiés.
Photos credits: A.S. Flament
Passé les trois arches du portique d’entrée, le cimetière de la Rue Pétillon à Fleurbaix se dévoile comme un jardin magnifiquement entretenu où reposent plus de 1500 soldats venus de tout l’Empire britannique ainsi que quelques Allemands. Comme pour le Trou Aid Post Cemetery tout proche, ce cimetière était adjacent à un poste de secours de la seconde ligne britannique localisé dans les ruines d’une maison ironiquement appelée Eaton Hall, en référence à la maison de campagne du Duc de Westminster. En entrant sur ce lieu de mémoire, il est aisé de repérer les tombes accolées les unes aux autres des 30 soldats australiens victimes d’un raid allemand le 15 juillet 1916.
Photos credits: O. Delory
Suite aux recherches indépendantes d’historiens français et australiens, le gouvernement australien fait procéder en 2007 et en 2008 à des expertises d’un terrain situé à l’orée d’un bois appelé par les Allemands lors de la Grande Guerre « le Bois des Faisans ». Les sondages attestent de la présence de cinq fosses communes, creusées par les Allemands au lendemain de la bataille de Fromelles.
En 2009, il est décidé d’exhumer les corps en relevant soigneusement toutes les preuves permettant d’identifier les dépouilles et de recourir pour chacune d’entre elles à des prélèvements d’ADN. Ce sont au total 250 corps qui sont ainsi sortis de terre. Après une étude minutieuse par une équipe d’archéologues, d’anthropologues, d’experts en médecine légale et d’historiens militaires, les corps sont réinhumés au cimetière nouveau militaire du Bois des Faisan.
Sur la base des éléments recueillis lors des fouilles, un programme de recherche sera conduit jusqu’en 2014 afin d’identifier ces dépouilles : les données anthropomorphiques sont comparées avec celles contenues dans les livrets militaires des soldats portés disparus au lendemain de la bataille et les échantillons d’ADN sont confrontées à ceux des familles australiennes et britanniques s’étant faites connaitre comme ayant un aïeul disparu lors de la bataille.
Photos credits: Image courtesy of the Commonwealth War Graves Commission / Collection Jean-Marie Bailleul
Implantée à proximité de l’église sur le mouvement de terrain face au front, la Croix du Sacrifice domine l’ensemble des stèles regroupées dans une enceinte hexagonale. Chacun des 250 corps retrouvés dans les fosses du Bois des Faisans y a été réinhumé avec les honneurs rendus conjointement par les forces armées britanniques et australiennes. Ce cimetière du Bois des Faisans est le premier cimetière construit par la Commonwealth War Graves Commission depuis les années 60. Son inauguration s’est tenue le 19 juillet 2010 en présence des plus hautes autorités britanniques, australiennes et françaises. A cette date, 94 soldats avaient pu être identifiés. Au rythme des travaux d’identification, d’autres stèles comportant la mention « Known unto God » (connu de Dieu seul) seront progressivement remplacées par des stèles livrant l’identité retrouvée des soldats.
Photos credits: G. Funk / E. Roose
Le musée présente la collection des membres de l’association « Fromelles et Weppes, terre de mémoire 14-18» ainsi que certains objets retrouvés lors des fouilles et prêtés par le Gouvernement australien. Ces pièces permettent d'évoquer l’histoire de la bataille de Fromelles et le parcours de certains des soldats qui y ont pris part. Ouvrant sur le nouveau cimetière militaire, le musée relate également cette formidable entreprise des fouilles et de la ré-identification progressive de ces soldats dont les corps ont été découverts 92 ans après la bataille au cours de laquelle ils ont été tués.
Photos credits: Collection Martial Delebarre
«Très chère Mère,
L’endroit d’où je t’écris à présent, je l’appellerai « la cave enfumée de la Maison forestière » … ».
C’est ainsi que commence une lettre datée du 31 octobre 1918 adressée à sa mère par le Second Lieutenant Wilfred Owen, attaché au Manchester Regiment. C’est effectivement dans la cave de cette maison de gardes forestiers du Bois-l’Évêque que Wilfred Owen trouve abri avec l’état-major de sa compagnie. Le 4 novembre, celle-ci est appelée à franchir le canal traversant le village d’Ors au-delà duquel se sont retranchées des unités de l’armée allemande en plein repli.
Né à Oswestry dans le Shropshire en 1893, Wilfred Edward Salter Owen enseigne l’anglais à Bordeaux quand la Grande Guerre éclate. Il s’engage dans l’armée en octobre 1915 et, après formation, il rejoint le front de la Somme en janvier 1917. Gravement traumatisé par une explosion, Owen est évacué vers l’hôpital de Craiglockhart en Écosse, où il rencontre le poète Siegfried Sassoon, officier comme lui, héros décoré, et auteur d’une tonitruante déclaration pacifiste. Cette nouvelle amitié avec Sassoon révèle rapidement le génie poétique d’Owen. C’est durant sa convalescence en Écosse qu’Owen compose certains de ses poèmes majeurs tels Anthem for Doomed Youth (Ode pour une Jeunesse perdue), Dulce et Decorum est, Futility (Futilité) et Strange Meeting (Étrange rencontre).
Fin août 1918, Owen repart pour le front et participe à l’offensive des Cent Jours qui conduira les Alliés à la victoire finale. La lettre écrite à l’abri de la Maison Forestière d’Ors sera sa dernière.
Inaugurée en 2011, la Maison Forestière Wilfred Owen est, dans sa configuration actuelle, une œuvre de l’artiste plasticien britannique Simon Patterson. En transformant ainsi la Maison Forestière avec l’aide de l’architecte Jean-Christophe Denise, l’artiste a voulu révéler la force poétique d’Owen et montrer l’actualité permanente de la création artistique témoignant des horreurs de la Guerre. Accessible par la rampe circulaire extérieure, la cave de la Maison a été laissée intacte. À la lecture de la dernière lettre d’Owen à sa mère, l’ambiance humide de « la cave enfumée de la Maison Forestière » y est ainsi toujours perceptible.
Photos credits: Jacky Duminy / Rémi Vimont / Rémi Vimont
À l’automne 1918, les armées alliées ont largement pénétré les territoires occupés par l’armée allemande depuis 1914 et poursuivent leur avancée en direction de la frontière belge. La ville de Cambrai est libérée le 9 octobre, Lille le 17. En se repliant, les Allemands organisent des positions destinées à contenir les troupes ennemies. À Ors, après avoir détruit ponts et écluses sur le Canal de la Sambre à l’Oise, des soldats allemands se retranchent dans la ferme de la Motte sur l’autre rive de la voie d’eau. Les Britanniques se lancent à l’assaut de cette position le matin du 4 novembre 1918. Situé à une centaine de mètres du canal, ce cimetière militaire a été créé pour accueillir les corps de 40 soldats tombés lors de cette attaque. Agrandi après l’Armistice pour accueillir des victimes des combats du secteur en octobre et novembre 1918, le cimetière compte à présent 107 tombes.
Photos credits: Édouard Roose / Édouard Roose
L’opération britannique prévue le 4 novembre 1918 à l’est d’Ors est risquée : le franchissement du Canal de la Sambre à l’Oise impose le montage d’une passerelle flottante sous le feu des mitrailleuses allemandes situées sur l’autre rive. Malgré le rapport défavorable du Colonel Marshall établi suite à un repérage du terrain, l’assaut est maintenu. Le 4 novembre, à 05h45, le 2e bataillon du Manchester Regiment et le 16e bataillon des Lancashire Fusiliers passent à l’offensive. Ces unités sont accompagnées d’hommes des Royal Engineers qui doivent assurer l’assemblage sur le canal de sections de passerelle flottante préfabriquées. L’opération tourne court : directement exposés sur le chemin de halage, les hommes sont fauchés par le feu ennemi. Parmi eux, Wilfred Owen. Le point de résistance allemande de la ferme de la Motte ne tombe qu’avec l’intervention d’autres unités du Dorset Regiment et des Lancashire Fusiliers qui sont parvenues à franchir le canal au sud d’Ors et plus au nord, à Landrecies.
Photos credits: Collection Jean-Pierre Lambrè
En 1991, la Western Front Association demande au maire de la commune d’Ors l’autorisation d’apposer une stèle sur le pont enjambant le Canal. L’association souhaite ainsi rendre hommage à un poète, largement méconnu en France, mais considéré outre-Manche comme la figure de proue des War Poets (Poètes de guerre) et l’un des plus grands poètes britanniques du XXe siècle : Wilfred Owen. Les liens tissés entre la commune et la Wilfred Owen Association permettent rapidement de localiser cette maison forestière décrite par Wilfred Owen dans sa dernière lettre à sa mère.
Photos credits: Édouard Roose
Occupé dès le 26 août 1914, le village d’Ors connait les vicissitudes de l’occupation allemande jusqu’à sa libération le 1er novembre 1918. L’occupant impose à la commune le versement de lourdes contributions financières alors que les habitants subissent de multiples réquisitions, notamment sur les produits agricoles, le bétail et les matériaux pouvant servir l’effort de guerre. À partir d’octobre 1918, la commune connait les bombardements britanniques qui touchent sévèrement le centre du village. Ors se voit décerner la Croix de Guerre le 9 mai 1926. En mai 1940, face à la poussée des chars allemands menés par le Général Rommel, une poignée de soldats français résistent héroïquement. Le village leur rendra hommage après-guerre en donnant leur nom à certains de ses axes : place du Maréchal des Logis Sourice, rue du Capitaine d’Arche et rue du Lieutenant Hudault.
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Dans le cimetière communal d’Ors, l’entrée du carré militaire est facilement repérable avec sa grande croix blanche portant l’épée de Saint Georges pointant vers le sol en signe de deuil. Presque tous les soldats qui y reposent ont été tué le 4 novembre 1918 dans les différents combats sur le Canal. Parmi ceux-ci, le soldat poète Wilfred Owen repose dans la troisième tombe de la dernière rangée. L’histoire familiale des Owen retient que c’est le 11 novembre 1918, au moment où toutes les cloches de Grande-Bretagne retentissaient pour annoncer l’Armistice, que Susan Owen a reçu le télégramme fatidique annonçant la mort de son fils.
Choisie par sa mère, l’épitaphe gravée sur la stèle de la tombe d’Owen est un extrait de son poème The End (la Fin), légèrement modifié pour devenir message d’espoir :
« La vie renaîtra-t-elle dans ces corps-là ? En vérité
Elle frappera toute mort de nullité ».
Un autre élément remarquable de ce cimetière est la tombe isolée tout à fait à droite. C’est celle du Colonel James Marshall, qui, suite à son repérage du terrain, avait prévenu que l’opération de franchissement du canal serait très difficile. Surnommé « le terrible major aux dix blessures », il succombe ce même 4 novembre 1918. Pour son courage lors de cette opération, le Colonel Marshall se verra décerner à titre posthume la Victoria Cross, la plus haute distinction militaire britannique. Cette même Victoria Cross qui est gravée en lieu et place de la croix chrétienne sur la stèle de sa tombe.
Entre la tombe de Marshall et celle d’Owen, dans la même rangée, se trouve celle d’un autre récipiendaire de la Victoria Cross, le Second Lieutenant James Kirk qui a vaillamment tenté de protéger la construction de la passerelle sur le canal en servant sa mitrailleuse, juché sur un radeau de fortune.
Chaque 4 novembre, le cimetière devient le lieu de rassemblement des habitants d’Ors pour un hommage au poète-soldat Wilfred Owen et à ses camarades tombés dans les combats du Canal.
De son vivant, Owen n’a publié que 4 poèmes. Ce n’est véritablement qu’après la guerre, sous l’impulsion de Siegfried Sassoon et du poète Edmund Blunden, que le génie d’Owen sera publiquement reconnu en Grande-Bretagne. Owen devient alors l’un des grands noms d’un mouvement, la War Poetry (Poésie de Guerre), qui regroupe les compositions de ces soldats qui ont trouvé dans la poésie une façon de témoigner de leur expérience au cours de la Grande Guerre. Le 11 novembre 1985, la nation britannique a rendu un hommage solennel à ces Poètes de Guerre en dévoilant un mémorial dans le Poets’ Corner (Coin des Poètes) de l’Abbaye de Westminster à Londres où repose également le Soldat Inconnu britannique.
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Quand la compagnie d’Owen accède à la Maison Forestière, celle-ci se trouve au milieu d’une vaste étendue dépourvue du moindre arbre. Dès décembre 1914, les Allemands exploitent les massifs forestiers de la zone occupée pour répondre à la demande constante de bois sur les zones de combats pour aménager, consolider et réparer les tranchées. Ainsi, tout comme la Forêt de Mormal proche, le Bois-l’Évêque est progressivement défriché par des travailleurs civils forcés et des prisonniers de guerre russes jusqu’à épuisement des ressources. La petite chapelle de l’Ermitage située non loin de la Maison Forestière sera détruite lors de bombardements en 1918 avant d’être reconstruite en 1923 sur les fondations de l’ancien édifice dédié à Notre-Dame du Bonsecours.
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Construit entre 1882 et 1884, le fort de Leveau est partie intégrante de la ceinture fortifiée de Maubeuge. Celui-ci s’inscrit ainsi dans le système de défense développé par le général Raymond Adolphe Séré de Rivières pour protéger la frontière avec la Belgique et renforcer la place forte de Maubeuge.
Le fort est de type « à cavalier et batteries hautes » car les pièces d’artillerie sont positionnées sur des plateformes de tir situées au-dessus de la caserne, surplombant ainsi le rempart de près de 10 mètres. Afin d’empêcher toute entrée de l’ennemi, le fort est entouré de fossés maçonnés avec escarpe et contrescarpe. Ceux-ci sont défendus par deux caponnières, c’est-à-dire des ouvrages accolés à l’enceinte intérieure permettant le tir de flanquement à l’intérieur des fossés. L’entrée et la gorge du fort sont également protégées par deux casemates de flanquement.
Le site est l’un des témoins du siège de la place forte de Maubeuge engagé par l’armée allemande à l’été 1914. Celle-ci, après avoir défait les défenses belges à Liège et Namur, fait route vers Paris en application du plan Schlieffen. L’encerclement de la place effectué, les Allemands entament les bombardements d’artillerie le 29 août 1914 contre les forts et ouvrages de ceinture, dans l’objectif d’annihiler toutes les défenses françaises du secteur qui représentent une menace dans la poursuite de la percée des troupes du Kaiser en France.
Le 7 septembre 1914, le fort de Leveau est bombardé à son tour. Les épaisses maçonneries ne résistent pas aux obus allemands, surtout ceux de 420 mm tirés par le canon surnommé la « Grosse Bertha ». Le jour même, le fort est évacué. Les pertes humaines s’élèvent, selon les sources, à une centaine de morts, et la bâtisse est gravement endommagée, notamment le pont d’accès originel, aujourd’hui restauré.
Depuis 1993, le fort fait l’objet d’un remarquable travail de restauration conduit par l’Association de Sauvegarde du Fort de Leveau. Il abrite aujourd’hui un musée dont les collections révèlent l’histoire du fort durant le siège de Maubeuge et celle de l’occupation allemande de l’Avesnois au cours de la Grande Guerre.
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Pour faciliter les mouvements de troupes et de matériel à l’intérieur de la place, un réseau de chemins stratégiques a été créé. Ces chemins permettent d’établir des communications dérobées aux vues de l’assiégeant entre les forts et positions militaires. Pour la plupart, ils empruntent des chemins vicinaux existants dont l’entretien est assuré par le service vicinal en contrepartie d’une subvention du département de la Guerre. Dans l’organisation de la place de Maubeuge, le chemin stratégique 14 relie le fort de Leveau au fort des Sarts puis se poursuit vers Mairieux, Elesmes et Assevent pour atteindre le fort de Cerfontaine. Ce chemin stratégique est aujourd’hui la route départementale 136.
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La ceinture fortifiée de Maubeuge comprenait 13 forts et ouvrages militaires. Édifiés sur les hauteurs, les forts demeurent encore très visibles dans le paysage. Dès sa nomination en 1914 comme Gouverneur militaire de Maubeuge, le général Fournier perçoit les faiblesses de cette exposition des forts. Pour conforter les ouvrages, il fait déployer tranchées, piquets, ronciers, barbelés, ce qui lui vaut le surnom de « Général Fil de Fer ». Positionnés en Belgique sur les hauteurs au nord-est de Maubeuge, les canons allemands pilonnent à partir du 29 août 1914 les positions françaises à l’est de Maubeuge. Dans les forts de Boussois et de Cerfontaine et les ouvrages de Bersillies, de la Salmagne et de Rocq, les hommes sont abasourdis par la fréquence des tirs et par les graves destructions qu’ils provoquent. La place centrale de Maubeuge est également atteinte. Le 31 août, des soldats français découvrent pour la première fois aux abords du fort des Sarts le culot d’un obus de 420 mm. Cette découverte fait alors comprendre aux défenseurs de Maubeuge la force supérieure du feu allemand.
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Afin d’améliorer la ceinture de défense, six ouvrages intermédiaires d’infanterie ont été construits entre 1891 et 1895 pour renforcer l’espace entre les forts et protéger les batteries déployées dans les intervalles : Bersillies, La Salmagne, Ferrière-la-Petite, Gréveaux, Feignies et Héron-Fontaine.
L’ouvrage intermédiaire de La Salmagne subit le bombardement, notamment entre le 31 août et le 1er septembre.
Le 1er septembre à midi, le général Fournier lance une attaque sur 8 km de front, entre Vieux-Reng et Jeumont, à partir des ouvrages de La Salmagne, du Fagné et du fort de Boussois, afin de détruire l’artillerie ennemie. Cette attaque restera l’unique offensive d’envergure conduite par les forces françaises qui échouent au final à 250 mètres des canons ennemis, stoppées par les mitrailleuses allemandes.
Fin septembre, les Allemands font sauter les organes de flanquement de fossé et enlèvent le réseau de fils de fer pour l’utiliser sur le front.
>n 1935, le fort est réintégré dans le système de défense des frontières françaises. Les abris sont détruits pour laisser place à un ouvrage d’infanterie bétonné à deux blocs de combat. Ils sont reliés à 30 mètres sous terre par un couloir de 150 mètres, le long duquel s’organise le casernement avec cuisine, chambres et infirmerie.
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En 1914, cette batterie de campagne abrite 6 canons de 90mm. Elle couvre le terrain compris entre la Cense du Fagné et la ferme de la Salmagne. Autour de l’ouvrage, les bornes de servitude sont encore visibles. Ce bornage des zones de servitude permet sur le terrain de délimiter 3 zones distinctes :
Ainsi, ces 3 zones ont un rayon total de 974 mètres qui permet le dégagement autour de tous les ouvrages militaires. Mais cette emprise vient très régulièrement contraindre tout nouvel aménagement réclamé par la population du secteur pour le développement des activités agricoles.
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La bataille de Maubeuge se solde par 2 000 morts tant français qu’allemands. Leurs premières sépultures sont dispersées dans des fosses communes, des tombes provisoires et les cimetières des environs, là où ils étaient tombés. De nombreux soldats exhumés des décombres des forts et les soldats décédés dans les hôpitaux de la place forte sont de même inhumés localement.
Sur ordre du Kaiser, le gouverneur de Maubeuge Karl Ritter von Martini est chargé de bâtir un cimetière militaire à Assevent en l’honneur des « morts immortels ». En mars 1916, il ordonne aux maires concernés de transférer les morts enterrés dans leur commune vers le cimetière d’Assevent. Jules Walrand, le maire de Maubeuge, est alors chargé de répartir les dépenses des communes pour ces transferts.
Le cimetière est inauguré le 20 octobre 1916 en présence des maires des communes concernées, l’abbé Wattiez et Jules Walrand à qui sont confiées les clefs de la nécropole.
La nécropole nationale abrite les sépultures de 1140 Français, dont 487 en ossuaire, 399 Allemands dont 342 en ossuaire, ainsi que 260 Russes dont 200 en ossuaire, 12 Roumains, 7 Britanniques, et 1 Belge.
Amenés du Front oriental de la Grande Guerre, les prisonniers de guerre russes ont servi au démantèlement des usines et de main d’oeuvre dans les travaux harassants d’entretien des voies de communication, d’exploitation des massifs forestiers ou encore d’édification des ouvrages de défenses allemands de la Ligne Hindenburg.
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À l’issue de 9 jours de bombardements intensifs qui ont fait tomber les unes après les autres les défenses françaises de la ceinture de Maubeuge, la reddition de la place forte est demandée par le général Fournier le 7 septembre 1914. Celle-ci est effective le lendemain à 8 heures.
Ce 8 septembre à 14 heures, le général Fournier, accompagné du capitaine Grenier et du lieutenant-colonel Duchesne, accueille à la Porte de Mons le général von Zwehl, commandant des forces assiégeantes. Comme le prévoient les coutumes de guerre, le général Fournier offre son épée au vainqueur, qui refuse et la lui rend, afin de saluer la belle défense de la garnison.
Vestige des fortifications Vauban du XVIIe siècle, la Porte de Mons devient alors le théâtre du défilé des quelques 32 000prisonniers faits par les troupes allemandes à l’issue de la bataille de Maubeuge. Ces soldats qui ont assuré la défense de la place prennent le chemin de la captivité en Allemagne pour plus de 4 ans.
Au total, ce sont 60 000 soldats allemands qui ont été mobilisés pour le siège de la place de Maubeuge, le plus long de la Grande Guerre. Ce sont par conséquent autant d’hommes qui ont fait défaut à l’armée allemande lors de la bataille de la Marne lancée le 5 septembre au cours de laquelle Français et Britanniques parviennent à donner le coup d’arrêt à la poussée allemande de l’été 1914 et à préserver Paris.
Sous la porte de Mons, une plaque rappelle le commandement par le général Fournier des forces françaises qui ont défendu la place de Maubeuge.
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Au XVIIe siècle, la ville de Maubeuge, lieu stratégique situé à la frontière nord du pays, est intégralement fortifiée par Vauban. La Porte de Mons, érigée en 1682, constitue, avec la Porte de France et la Porte de Bavay, l’une des trois voies d’accès à la cité en 1914.
La plaque commémorative située sous la Porte de Mons célèbre les défenseurs de la place forte de Maubeuge assiégée par l’armée allemande à l’été 1914. Le portrait représente le général Joseph Fournier, alors Gouverneur militaire de Maubeuge et commandant supérieur de la défense des places du groupe de Maubeuge.
Le général prend en 1914 le commandement des unités françaises réparties dans les 13 forts et ouvrages qui constituent la ceinture fortifiée de Maubeuge, telle que l’a conçue le général Séré de Rivières dans le cadre de son plan de renforcement des défenses des frontières du nord et de l’est de la France à la fin du XIXe siècle. Fournier a toutefois conscience des faiblesses de cette organisation en cas d’assaut ennemi : des civils sont alors évacués, des travaux d’aménagement de défenses passives sont conduits sur le terrain, la garnison est réorganisée. Fin août 1914, les soldats allemands encerclent Maubeuge ; le 29, les bombardements commencent. Les défenseurs de Maubeuge ne peuvent tenir longtemps face à la déferlante des obus allemands. Les nombreuses pertes humaines ainsi que les destructions subies contraignent le général à hisser le drapeau blanc le 7 septembre. La reddition de la place est officielle le 8 septembre 1914 à 8 heures.
À la tête des forces allemandes qui ont conduit le siège, le général von Zwehl, reconnaissant la bravoure du général français et de ses hommes, refusera symboliquement de prendre son épée à Fournier. La rumeur selon laquelle la reddition de la place forte fut prématurée se propage rapidement. En 1919, le Conseil de guerre reconnait finalement le mérite des défenseurs de la bataille de Maubeuge. Joseph Fournier est acquitté.
C’est à travers la Porte de Mons que les vaincus du siège de Maubeuge quittent la ville le 8 septembre 1914 pour rejoindre les camps de prisonniers d’outre-Rhin, défilant une dernière fois devant le général Fournier.
Pendant l’occupation allemande, la Porte de Mons est utilisée en tant que prison pour les détenus de droit commun. Elle est l’un des rares bâtiments de Maubeuge ayant survécu aux destructions de la Seconde Guerre mondiale.
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La ville de Maubeuge hébergeait, depuis le XVIIe siècle, des casernes pour les défenseurs de la place forte. Ces bâtiments, appelés « Joyeuse », tiraient leur nom du marquis Jean Arnaud De Joyeuse, officier des rois Louis XIII et Louis XIV. L’actuel quartier éponyme est situé sur l’ancien emplacement de la caserne.
Suite à l’investissement de la ville par les Allemands en 1914, les casernes Joyeuse abrite une partie considérable de l’armée d’occupation. Les prisonniers politiques et civils soupçonnés d’ « actes de résistance » (transmissions d’informations à l’armée française, refus de travailler, refus de collaborer avec l’occupant…) sont retenus dans les cachots de Joyeuse.
Au nord-est des casernes, à l’extérieur du rempart, un lieu d’entraînement militaire est installé. Les forces du Kaiser s’y exercent notamment aux tactiques de combats rapprochés.
Maubeuge est également un centre d’entrainement majeur pour l’artillerie allemande. Les officiers viennent y suivre des conférences et des cours de tir et de balistique. Les exercices pratiques sont effectués dans une carrière de la ville voisine de Jeumont dans laquelle ont été érigés des bâtiments factices.
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En 1794, « l’Entreprenant » s’élève dans le ciel maubeugeois. Ce ballon, sous les ordres du capitaine Coutelle, reçoit pour mission d’observer les forces ennemies menaçant la toute jeune République française. Cet événement marque le début de l’aventure aéronautique de Maubeuge.
Plus d’un siècle après le premier envol de « l’Entreprenant », un centre aéronautique militaire est créé, à partir de 1910, au nord-est de la ville, ainsi qu’un hangar à dirigeables situé à l’emplacement de l’actuel lycée Pierre Forest.
En septembre 1914, les derniers aérostiers français en poste à Maubeuge détruisent leur matériel avant d’être capturés par les Allemands. Ces derniers prennent possession de la base aéronautique et agrandissent le hangar qui accueille dès lors des zeppelins jusqu’en mai 1916.
Les zeppelins stationnés à Maubeuge effectuent des opérations de bombardement au-dessus de villes ennemies. Ils ciblent en particulier les ports par lesquels transite l’armée britannique, comme Margate, Calais, et Boulogne. Ces engins s’attaquent également aux capitales anglaise et française, provoquant de grandes frayeurs au sein des populations civiles.
Du point haut du bastion de Falize, qui surplombe la base aéronautique, une défense anti-aérienne est installée en 1915 par les Allemands. Les vestiges des embases de mitrailleuses anti-aériennes allemandes sont encore visibles en haut du bastion.
Après l’armistice, le centre aéronautique de Maubeuge est reconverti par l’armée française. Il est utilisé pour entreposer des chars de combat. Le hangar est démonté par les soldats du Reich pendant la Seconde Guerre mondiale.
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L’Arsenal est le dernier vestige qui témoigne des casernements de la garnison. Il a été érigé entre 1678 et 1689. Ce bâtiment militaire sert d’abri au matériel de l’artillerie de l’armée française jusqu’en 1914.
Construit à proximité des rives de la Sambre, les quais de cet entrepôt constituent un point de passage important pour les échanges commerciaux avec l’extérieur de la ville. Dès le début de l’occupation, ces échanges deviennent cruciaux pour le ravitaillement des Maubeugeois en zone occupée. En cette période trouble de privations et de crise, la question de l’approvisionnement devient une obsession.
La nourriture se raréfie pour la population civile, entrainant une hausse vertigineuse des prix. Les autorités font distribuer des cartes de ravitaillement. Chacun reçoit une quantité toujours plus limitée de pain ou de farine. Après de longues démarches avec l’occupant, la ville de Maubeuge obtient, en 1915, d’être ravitaillée par le Comité de Ravitaillement Belge (CRB) mis en place par l’ingénieur américain Herbert Hoover, futur président des Etats-Unis. Les denrées fournies par le CRB améliorent le quotidien précaire des Maubeugeois tout en alimentant un marché noir en pleine expansion.
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L’hôpital militaire de Maubeuge a occupé l’emplacement actuel d’une partie des immeubles du Square Jourdan. Pendant la bataille de Maubeuge de l’été 1914, les soldats blessés sont pris en charge dans ce bâtiment qui échappe aux bombardements allemands. Toutefois, l’édifice ne survivra pas, lors de la Seconde Guerre mondiale, aux destructions causées par les troupes du Reich. La chapelle des Soeurs noires, ancien couvent intégré au bâtiment hospitalier, représente le dernier vestige de cet hôpital.
Après la reddition des troupes françaises en 1914, les forces d’occupation investissent l’hôpital militaire. Les Allemands y installent un « Lazarett » vers lequel convergent des blessés arrivant directement du front, notamment des soldats gazés ou atteints de maladies contagieuses. Un second centre de soins est installé dans le quartier de Sous-le-Bois.
En 1916, à cause du nombre croissant de patients, une voie de tramway est construite pour amener les blessés directement au coeur de l’hôpital. À la fin de la guerre, malgré l’aménagement d’autres Lazarett, le Maubeugeois Georges Dubut souligne que « les blessés arrivent en telle affluence que les hôpitaux sont trop pleins et que, en hâte, […] l’église a été réquisitionnée et sommairement aménagée ».
Tous les blessés seront évacués avant l’arrivée des soldats britanniques en novembre 1918.
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Dès le 9 septembre 1914, une administration d’occupation s’installe dans la ville. Le 11 novembre, un gouvernorat est créé intégrant les cantons de Maubeuge nord et sud, Bavay et Solre-le-Château. Une frontière étroitement surveillée est instaurée juste au sud de Maubeuge, limitant sévèrement les déplacements vers les zones d’étape directement organisées pour soutenir les unités mobilisées sur le Front.
Le gouverneur de Maubeuge, le majorgénéral Karl von Martini, qui réside Place Verte, fait appliquer les décisions prises par le Gouverneur général de Belgique. Par affiches en français et en allemand, celui-ci édicte ses ordres de réquisitions, restrictions et obligations en tout genre.
Le 12 juillet 1916, sous la direction du général major Friedrich von Buddenbrock, Maubeuge et sa région passent du statut de territoire occupé à celui de district des Etapes. Maubeuge répond désormais directement aux ordres de la 2e armée allemande dont les services sont transférés de Saint-Quentin à Maubeuge.
L’information est rigoureusement contrôlée. La Gazette des Ardennes, journal propagandiste, est le seul périodique diffusé sur le territoire. Les civils sont soumis à un service de travail obligatoire. Machines et productions sont inventoriées et réquisitionnées dans les usines et dans les campagnes pour alimenter l’effort de guerre.
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L’occupant allemand utilise la place d’Armes, centre névralgique de Maubeuge, non loin de l’actuelle place des Nations, comme lieu de concerts et de festivités. Les musiciens venus d’Outre-Rhin, agents de propagande de la culture, y produisent essentiellement les oeuvres des compositeurs allemands. Les artistes sont notamment sollicités dans le but d’animer chaque 27 janvier la fête d’anniversaire du Kaiser Guillaume II.
Le 6 novembre 1918, face à la poussée britannique qui voit la libération progressive des territoires occupés, les troupes allemandes quittent définitivement Maubeuge en dynamitant les ponts de la ville.
Dans la matinée du 9 novembre, vers 9 heures du matin, les libérateurs britanniques de la Guards Division atteignent Maubeuge où ils sont accueillis par les habitants en liesse.
Le 14 novembre 1918, la cérémonie officielle de délivrance se tient Place d’Armes. Le général britannique Sir Torquhil Matheson se voit offrir à cette occasion un drapeau d’honneur comme marque de reconnaissance. Matheson, profondément touché, fait par la suite fabriquer une coupe commémorative en vermeil. Cette coupe, symbole d’amitié et de fraternité entre deux nations meurtries par la guerre, sera remise à la ville de Maubeuge le 9 juin 1919.
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Dans la partie finale de la guerre, le centre-ville de Béthune est détruit à 90 pourcents, les bombardements de mai 1918 causant d’énormes dégâts : plus de 70 000 obus tombent sur la ville, point stratégique convoité par les Allemands depuis le début de la guerre. Le beffroi sort du conflit, lézardé et découronné. Seul vestige de l’époque médiévale datant de 1388, il est sauvé grâce à la protection des maisons qui l’entouraient. Il est envisagé de le laisser en l’état pour témoigner de la barbarie allemande, mais il est finalement restauré. Le nouveau carillon est inauguré le 6 octobre 1929. Sur le bourdon, on peut lire : « VIGILANTE EST MON NOM. Je remplace Joyeuse détruite par la guerre et du haut du beffroi restauré, je sonne la Paix, à la gloire et à l’avenir de Béthune reconstituée ».
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Ce collège, géré par l’Union des Femmes Françaises abrite l’hôpital auxiliaire n°103. On compte 50 lits dès son ouverture le 8 août 1914. Bombardé, il ferme le 8 novembre 1914. L’hôpital est repris par le service de santé britannique le 6 octobre 1915. Les élèves, cohabitant avec les soldats blessés, sont entraînés à réagir en cas de danger : ils doivent prendre leurs lampes électriques et se diriger vers la cave et savoir se servir de leur masque à gaz. Transférés à Bruay-en Artois suite aux bombardements d’août 1916, ils laissent place aux troupes britanniques en cantonnement jusqu’à la fin de la guerre.
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Le théâtre, inauguré en 1912, est un lieu de détente apprécié des troupes britanniques au repos. Situé à proximité des lieux de cantonnements, il a souvent ses 1200 places occupées, tous les jours de la semaine, en fin d’après-midi, mais jamais le dimanche. Dans ce théâtre, les Pierrots, tiennent le plus souvent l’affiche et donnent des variétés et des revues avec décors, tandis qu’au Petit Théâtre du Jeu de Paume ou Palladium situé place Foch, les Francies donnent dans le British Rubish. Construit par l’architecte GUILLAUME, le théâtre ne nécessite après-guerre que des restaurations confiées à Paul DEGEZ.
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En 1915, le Buckinghamshire Regiment cantonne dans cet ancien Collège flambant neuf et témoigne : « Les officiers sont logés dans des maisons privées à proximité. Le collège est bien équipé : les soldats peuvent profiter d’une cuisine équipée, et prendre des bains et des douches. Beaucoup de béthunoises sont employées au nettoyage et au repassage des vêtements ». D’autres régiments transiteront par le collège, comme le 17ème Middlesex Regiment, un bataillon de footballeurs réputé.
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Dès novembre 1914, les Hindous sont soignés dans cet hôpital situé à 12 kms du front. La 33th Casualty Clearing Station (C.C.S) y prend place pour deux ans dès septembre 1915. Durant la guerre, le collège subit de nombreux bombardements, engendrant des évacuations récurrentes comme en mai 1915 ou juin 1916. On y trouve une salle d’opération bien équipée, jouxtée d’un laboratoire microbiologique et une radiographie où les grands noms de la médecine se succèdent, mais également des dortoirs pour les blessés et des salles de bains-douches confortables, qui voient parfois passer plus de 800 hommes par jour. Les élèves et les soldats cohabitent, si bien que le soir, couchés dans les sous-sols, ils peuvent entendre les cris de douleur des soldats.
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Le 10 octobre 1914, l’armée française se retire vers Arras, le général Foch s’étant entendu avec le maréchal anglais French pour que l’armée britannique défende Béthune. Cela durera quatre années.
Le premier soldat britannique est enterré dans le cimetière le 14 octobre de la même année, jour anniversaire de la bataille d’Hastings, ville jumelée avec Béthune. La majeure partie des tombes sont celles de soldats décédés dans les ambulances anglaises installées dans les collèges de la ville. Un premier terrain à droite est concédé aux autorités britanniques, mais il est très vite trop petit. Le fond du cimetière se remplit au cours de la guerre. Les inscriptions sur les tombes érigées de manière chronologique permettent à la fois de mesurer l’ampleur des batailles du secteur (Festubert, Givenchy-lès-la-Bassée…), mais également de l’étendue de l’Empire colonial britannique. Les dernières tombes sont celles de 26 soldats et officiers du Manchester Regiment qui ont été tués d’une seule bombe d’avion le 22 décembre 1917 sur le boulevard Kitchener.
Ce cimetière conçu par Edwin Lutyens contient les tombes de 2923 soldats britanniques, 122 français, 87 allemands.
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Ce monument, à la gloire des 73e et 273e régiments d’infanterie et du 6e régiment d’infanterie territoriale, a été érigé par l’architecte René Deligny et le sculpteur Paul Graf. On observe la représentation de Minerve, déesse de la stratégie guerrière, tenant un drapeau, dressée sur un piédestal, ainsi qu’à ses pieds, les armoiries des villes d’Aire-sur-la-Lys, Hesdin et Béthune. Ce monument est inauguré le 28 mai 1933 en présence du Maire Alexandre Ponnelle et des officiers et soldats des anciens régiments béthunois, ayant été dissous après la Grande Guerre.
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Sous-Préfet de Béthune dès le 12 janvier 1914, Adrien Bonnefoy-Sibour n’a de cesse de remplir ses fonctions avec sang-froid et courage. Le 12 avril 1918, la situation est telle qu’il ordonne d’évacuer la ville, même s’il reste présent avec une cinquantaine d’irréductibles. Compte-tenu des évènements, le conseil municipal s’exile à Berck-sur-Mer. Le 28 décembre 1919, le sous-préfet reçoit le Président Raymond Poincaré venu remettre la Croix de la Légion d’Honneur et la Croix de Guerre à la ville.
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Située à proximité d’un terrain d’entraînement militaire sur le Champ de Mars (actuel centre sportif), la caserne sert de centre principal de mobilisation. Les Casernes Lafeuillade et Montmorency, et les collèges de la ville sont également réquisitionnés. Les plus jeunes recrues sont affectées au 273ème R.I. Les plus âgées forment le 6ème Territorial. Une fois recrutés, les soldats se dirigeaient en cortège jusqu’à la gare.
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Le 18 septembre 1920 à 18h40, la ville de Béthune reçoit un télégramme de la British League of Help : Bristol sera sa marraine et l’aidera à reconstruire. En effet, de nombreux soldats britanniques ont cantonné à Béthune et y sont restés fortement attachés. Près de 70 000 soldats s’enrôlent à Bristol et des millions de munitions et d’armes sont embarqués dans le port de cette ville pour la France. Malgré une forte crise économique locale, des souscriptions britanniques aident la ville à construire la cité Bristol inaugurée le 24 mars 1925 sur l’ancien Champ de Mars. Elle est détruite en 1968.
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L’hôpital général soigne des civils ainsi que des militaires de différentes nationalités (Français, Britanniques, Allemands). Soumis aux bombardements réguliers, les blessés sont envoyés à Saint-Omer ou Berck-sur-Mer. Seuls les grands blessés intransportables restent et sont soignés par les médecins et les sœurs franciscaines. L’hôpital est définitivement évacué en 1917, et ne réouvrira qu’en avril 1919. Deux pavillons de l’ancien hôpital sont visibles rue Boutleux. La chapelle Saint Pry, quant à elle, date de la Reconstruction.
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La caserne Montmorency se trouvait sur l’actuel emplacement de l’École Sévigné et du François Albert. Ce bâtiment, sert de cantonnement pour les soldats britanniques. Robert Graves, du Royal Welsh Fusiliers, de retour de la tranchée de la Ferme des Briques dans la région de Cambrin, raconte dans son livre Good-Bye to All That : «Nous passâmes la nuit à remettre en état des tranchées endommagées. Au matin, nous fûmes relevés par les Middlesex qui au repos étaient cantonnés au Collège de Jeunes Filles et rentrâmes à Béthune où nous débarrassâmes de notre petit équipement à la Caserne Montmorency… ».
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Le monument est conçu par Jacques Alleman et le sculpteur Edgar Boutry grâce, en partie, à une souscription. Il représente une minerve de paix entourée de deux peupliers d’Italie. La scène montre une femme voilée, personnifiant la liberté, drapée dans sa robe de pierre, évoquant la douleur. Le triomphe militaire armé est figuré par une couronne de lauriers. La présence des palmes exprime la grandeur des soldats morts pour la patrie. L’inauguration a lieu le 11 novembre 1928. Le discours du Maire de l’époque, Alexandre Ponnelle, montre bien l’état d’esprit qui entourait cet évènement : « Aujourd’hui, au souvenir commémoratif, Béthune ajoute un hommage plus solennel encore par l’inauguration d’un monument qui doit rappeler à jamais aux générations futures le sublime sacrifice de leurs aînés…Les nations opprimées auront toujours leurs regards tournés vers la France qui restera éternellement la gardienne du droit et de la justice ». A proximité se trouvait l’hôtel de Baynast, quartier général britannique aujourd’hui disparu.
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L’église du XVIème siècle est totalement détruite pendant le conflit. Lors du déblaiement, en juin 1919, les ruines sont encore fumantes. Louis-Marie Cordonnier reconstruit l’église entre 1924 et 1927 dans un style néo-gothique, avec des influences byzantines et Art déco. L’église est meublée avec l’aide des souscriptions lancées par l’Archiprêtre Pruvost. On peut noter la présence d’une plaque à la mémoire des civils dans le chœur, d’un mémorial commémorant la présence de l’Empire britannique dans le transept nord, mais également la chapelle des Charitables, qui continuèrent à enterrer les défunts durant la guerre.
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Après avoir rejeté le projet de l’architecte régionaliste Louis-Marie Cordonnier pour la reconstruction de l’Hôtel de Ville au centre de la place et autour du beffroi, la municipalité lance en 1926 un concours, qui réunit onze candidats. Elle retient Jacques Alleman, bien que celui-ci ne l’ait pas gagné, mais le contraint à lui remettre un rapport d’esthétique préparatoire et, après maintes controverses, décide de réutiliser le terrain que la mairie occupait déjà avant la guerre, c’est-à-dire un parcellaire exigu. Jacques Alleman adapte les mêmes solutions architecturales que pour le reste de la place. Sur la façade, entourant les armes de la ville, il décide d’apposer les décorations de la Légion d’Honneur et de la croix de guerre, remise par le Président Raymond Poincaré le 28 décembre 1919 en hommage aux sacrifices consentis par cette ville martyre. L’inauguration a lieu le 7 avril 1929. Le maire, Alexandre Ponnelle, très enthousiaste sur la renaissance de la cité, évoque avec fierté « un édifice à l’allure grande et belle ». Classé Monument Historique depuis avril 2002, l’Hôtel de Ville est l’un des plus beaux monuments de style Art déco de la région.
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La reconstruction de Béthune entre dans le cadre de la loi Cornudet qui impose à toutes les communes de plus de 10.000 habitants un plan d'aménagement, d'embellissement et d'extension. Le principe retenu par l'architecte Mulart en est simple : faciliter la circulation à l'intérieur de la ville en élargissant ou perçant de de nouvelles voies, tout en conservant le parcellaire médiéval : une reconstruction entre tradition et modernité. La Grand-Place fait l'objet d'une attention particulière. Chaque architecte donne ici une touche personnelle si bien que la place présente un style éclectique. Le recours à de nouveaux matériaux et à une décoration étonnante donnent l’effet d’un décor de théâtre à ciel ouvert : l’usage de la brique rouge et des pignons à redents évoquent le style régionaliste, tandis que les volumes simples et épurés, et les nombreux motifs géométriques sont représentatifs de l’Art déco.
Il est important de se souvenir que pendant la guerre, cette place pullule de soldats originaires de tout l’Empire britannique : Écossais, Canadiens, Indiens, Australiens…Béthune vit véritablement à l’heure anglaise. Le Café du Globe est un lieu où l’on vient régulièrement se détendre. Les soldats sont régulièrement pris en photo durant cette période, posant devant les commerces ou dans les ruines de la ville ou faisant des contrôles de sécurité. Le Roi Georges V se rendra plusieurs fois à Béthune pour passer ses troupes en revue ou constater les dommages causés par les bombardements.
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En octobre 1914, la ligne de front se stabilise à 2 km d’Armentières qui est alors sous le feu des canons allemands. Situé à 20 km au sud d’Ypres où se déroulent des opérations majeures, le secteur d’Armentières, considéré comme calme, est surnommé « la Nursery » : les unités de l’armée impériale britannique fraichement arrivées sur le Front s’y familiarisent avec la guerre de tranchées.
Pendant plus de 2 ans, les usines armentiéroises continuent de fonctionner. Puis les bombardements s’accentuent, les gaz sont utilisés et la population quitte peu à peu la ville. Le reste des civils est totalement évacué le 13 août 1917, alors que fait rage la 3e bataille d’Ypres.
Le 9 avril 1918, l’armée allemande lance l’Opération Georgette, également connue comme la bataille de la Lys, dans une tentative de prendre le contrôle des grandes bases portuaires britanniques sur le Littoral du Nord-Pas de Calais. Les Allemands entrent à Armentières le 11 avril. Lors de leur repli le 2 octobre, ils détruisent toute infrastructure pouvant offrir un quelconque avantage à leur ennemi. Symbole de résistance de la ville, le beffroi est dynamité, après être resté debout plus de 4 années.
À l’heure du bilan, Armentières est ravagée à plus de 75% : 4800 maisons sont entièrement détruites, 2400 sévèrement endommagées et la totalité des églises et bâtiments publics est en ruine.
La reconstruction de la ville est confiée à l’architecte Louis-Marie Cordonnier. Ce dernier dresse les plans de l’hôtel de ville, de l’église Saint Vaast et des Halles (aujourd’hui espace culturel « le Vivat »). Ces édifices sont reliés par la Grand' Place sur laquelle est érigé le monument aux morts. En faisant le choix d’une architecture régionaliste affirmée, caractérisée par l’emploi de la brique complétée de pierre sur de hauts pignons, Cordonnier signe « la Renaissance flamande » d’Armentières, comme il le fait également à Bailleul, Comines, Merville et Laventie.
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Posant les bases de l’urbanisme moderne dans le contexte de la reconstruction des communes dévastées par la guerre, la loi Le Cornudet de 1919 impose à toutes les villes de plus de 10 000 habitants de définir un plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension intégrant des considérations liées à la desserte des rues principales, à l’adduction d’eau et à l’assainissement.
Avec le retour des habitants qui ont dû quitter la ville à cause des combats, l’impératif de la reconstruction revêt un caractère à la fois urgent et hautement symbolique. La population rentre à Armentières au rythme d’un millier d’habitants par mois et celle-ci veut permettre la renaissance de la commune.
Pour les édifices privés, la loi Le Cornudet impose notamment aux habitants de respecter l’alignement des constructions et le parcellaire d’avant-guerre (si celui-ci n’est pas impacté par un aménagement visant à la modernisation du tissu urbain). Le choix du style est laissé libre. Fortement imprégné du style régionaliste, les architectes qui oeuvrent à la reconstruction des maisons de la rue de Lille font preuve d’une grande créativité, ce qui confère aujourd’hui à cette rue une grande originalité : si la brique est bien le matériau privilégié, la forme des pignons, les ornementations de pierre, les ferronneries et huisseries font de chaque façade des créations uniques.
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Né en 1877, Ernest Deceuninck est représentant de commerce installé à la Chapelle d’Armentières quand la guerre éclate. Il rejoint dans Lille occupée un réseau d’évasion et de renseignements dénommé le Comité Jacquet. Aux côtés d’Eugène Jacquet, Georges Maertens et Sylvère Verhulst, Deceuninck anime ce réseau qui aide notamment les soldats alliés tombés en territoire ennemi à s’échapper.
Le 11 mars 1915, un aviateur anglais, le lieutenant Mapplebeck, est descendu dans la région lilloise. Ce dernier échappe aux Allemands grâce à l’action du Comité Jacquet. En juin suivant, l’aéronaute survole Lille et lâche des tracts se moquant du gouverneur général Von Heinrich. Suite à une dénonciation, 200 membres du réseau Jacquet sont arrêtés dans les jours suivants. Le 21 septembre 1915, Jacquet, Maertens, Deceuninck et Verhulst sont condamnés à mort. Ils sont tous les quatre fusillés le lendemain à l’aube, dans les fossés de la Citadelle de Lille.
Le 22 mars 1930, le corps de Deceuninck est transféré à Armentières, selon ses dernières volontés, pour être réinhumé sous le monument aux morts du cimetière communal. Le 11 novembre suivant, la Ville inaugure ce monument à Ernest Deceuninck. Il y est représenté quelques instants avant qu’il ne soit fusillé, dos au mur, poitrine découverte, dans une attitude fière.
À l’entrée de la Citadelle de Lille, le Monument aux Fusillés Lillois rend également hommage aux quatre dirigeants du Comité Jacquet dans une posture similaire, avec, gisant déjà à leurs pieds, le jeune Léon Trulin, autre figure de la résistance en zone occupée de la Grande Guerre.
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À la date du 2 août 1914, l’Asile Public Autonome d’Armentières compte près de 1300 patients, et le personnel médical se compose de 3 médecins, 3 internes et 74 gardiens. Dès leur entrée dans la ville, les soldats britanniques installent des batteries d’artillerie dans les jardins potagers de cet établissement situé en périphérie de la ville et à proximité de la ligne de Front. Face aux nombreux bombardements, l’évacuation immédiate des patients est réalisée le 31 octobre 1914. Après avoir rejoint par la route la gare de Nieppe, les malades sont emmenés par train à Rouen, Tours, Bordeaux, et enfin Cadillac.
La proximité de la zone de combat explique pourquoi l’asile est totalement ruiné en 1918. La reconstruction de l’établissement commencera en 1921 dans le style flamand. Au coeur d’un vaste espace arboré, il est composé de nombreux pavillons près desquels se situent des espaces collectifs et bâtiments techniques, tels que les bains, la salle des fêtes, les ateliers ou encore une ferme servant à l’approvisionnement de ce centre hospitalier.
Depuis sa création en 1615, le centre a conservé sa fonction hospitalière ; il est aujourd’hui l’Établissement Public de Santé Mentale (EPSM) Lille-Métropole.
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Le monument se dresse dans la cour d’un bâtiment surnommé par les Armentiérois « la Goutte de Lait ». Située à l’emplacement de l’ancien hôtel particulier de la famille Mahieu, propriétaires de plusieurs filatures à Armentières en 1914, cette maison est un don aux oeuvres de protection de l’enfance fait par Madame Mahieu dont les deux fils, représentés sur la statue, sont morts durant la Première Guerre mondiale.
Né en 1887, Auguste Mahieu est pendant la Grande Guerre affecté au 56e bataillon de chasseurs à pieds chargé début 1916 de défendre le bois des Caures dans la Meuse. Le 22 février, au deuxième jour de l’offensive française autour de Verdun, Auguste Mahieu est tué par un obus. Son nom figure aujourd’hui dans la galerie de l’ossuaire de Douaumont.
Son frère Michel, né en1891, passionné d’aviation bénéficie d’un renom certain pour avoir décroché en 1911 le record du monde d’altitude avec un passager aux commande d’un biplan. Commandant de l’escadrille des Chouettes, le capitaine Michel Mahieu est un des « as » de l’aviation française de la Grande Guerre. Il est abattu dans la Somme dans la nuit du 2 au 3 mars 1918 après être tombé dans les lignes ennemies.
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Né en 1878 à Armentières, Maurice Debosque succède en 1909 à son père à la tête d’une entreprise de bâtiment. Après l’Armistice, il est l’un des premiers à rentrer à Armentières dès novembre 1918. Il commence immédiatement à former une équipe d’ouvriers destinée à déblayer les ruines de la ville avant de conduire la construction de nombreux édifices publics, comme l’hôtel de ville, l’église Saint Vaast et le monument aux morts.
Surnommée le « Château Debosque », son habitation principale est une vaste demeure de style anglo-normand, bâtie en briques et pierres avec toiture en tuiles plates vieillies. L’intérieur était aussi une vitrine du savoir-faire des artisans armentiérois.
La bibliothèque municipale s’installa dans cette demeure en 1972 et la quitta en 2007, laissant place à d’autres services communaux.
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Marquant la reconnaissance de la nation française aux soldats tombés au champ d’honneur, l’État accorde par la loi du 29 décembre 1915, aux "Morts pour la France" le droit à une sépulture individuelle et perpétuelle dans les cimetières et carrés militaires. La restitution des corps aux familles n’est pas envisagée tant le nombre de soldats tués est important et mobiliserait par conséquent une logistique ample au détriment du ravitaillement en hommes et en matériel des forces combattantes. En réponse aux multiples exhumations clandestines, l'État accorde la restitution des corps de soldats réclamés par leur famille, à la charge de ces dernières. 250 000 dépouilles seront transférées sous le contrôle du Service de Restitution des Corps, dépendant du Ministère des Pensions, Primes et Allocations de Guerre. Sur les 1085 Armentiérois tués entre 1914 et 1918, les corps de 158 d’entre eux sont alors réinhumés dans un carré réservé par le Conseil municipal à gauche de l’entrée du cimetière communal.
Au centre du cimetière se trouve un monument aux morts dédiées aux victimes de la Grande Guerre en dessous duquel a été réinhumé en 1930 le corps d’Ernest Deceuninck, figure résistante à l’occupant allemand ayant oeuvré au sein du Comité Jacquet.
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Créée en 1882, l’École Nationale Professionnelle, aujourd’hui Lycée Gustave Eiffel, est rapidement mise au profit de l’armée britannique durant la Grande Guerre.
Au printemps 1915, les ateliers servent à la fabrication de Pippin hand grenades (grenade à main), de lance-grenades et des porte-fusils dotés de périscopes. Jour et nuit, 300 ouvriers civils et une trentaine de militaires anglais travaillaient encadrés par le capitaine Newton et des contremaîtres de l’école. Les dortoirs et les salles de classe sont utilisés comme hôpital, les laboratoires et les salles de manipulation servent pour les analyses médicales. Les salles de dessin servent quant à elles à la reproduction des cartes d’état-major. Dans les cuisines de l’établissement sont préparées mensuellement deux à trois cent mille rations destinées aux habitants d’Armentières.
À partir du mois d’août 1915, les bombardements se renforcent et mènent à l’évacuation totale de l’école à partir du mois de mars 1916. 122 élèves de l’école mobilisés sont tués durant la guerre. D’autres y gagnent une postérité, tel Charles Nungesser, héros de l’aviation de l’armée française.
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Dès l’arrivée en octobre 1914 des troupes britanniques à Armentières, il est décidé de créer un cimetière pour inhumer les hommes qui ont succombé à leurs blessures dans l’hôpital militaire tout proche et dans les autres postes de soins de la ville. Ce cimetière est ouvert en bordure de la Cité construite en 1909, suite à la donation faite par Georges Bonjean, juge du Tribunal de la Seine, pour offrir 50 habitations salubres aux ouvriers de la ville. Plus de 2100 soldats de l’armée impériale britannique reposent dans la nécropole, aux côtés de 500 soldats allemands majoritairement tués lors de la bataille de la Lys du printemps 1918.
Dans l’enceinte se trouve également le Cité Bonjean New Zealand Memorial. Paré d’une feuille de fougère sculptée, ce monument honore la mémoire de 48 officiers et soldats néo-zélandais, tombés dans la région d’Armentières et qui n’ont pas de sépultures connues. Il est l’un des 7 mémoriaux néo-zélandais rendant hommage aux "Kiwis" disparus le long du Front occidental en Belgique et en France.
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Durant la Grande Guerre, plusieurs associations, majoritairement religieuses, ouvrent des lieux d’accueil dans lesquels les soldats trouvent du réconfort par la parole, le jeu et la prière. À Armentières, la Young Men’s Christian Association (YMCA) gère deux centres en 1915, l’un au Lycée Eiffel, le second à l’EPSM. Le personnel de ces centres est composé de volontaires. À l’antenne du Lycée Eiffel en 1917, oeuvre notamment Franck Beaurepaire, champion de natation australien, 6 fois médaillé olympique et détenteur de 14 records du monde, qui deviendra maire de Melbourne en 1940.
À proximité du croisement avec le Boulevard Faidherbe, la YMCA gère aussi un foyer-hôtel pour les parents de soldats très grièvement blessés. Cet établissement poursuit son activité dans les années 1920 en accueillant des familles de soldats enterrés dans le secteur d’Armentières.
Reconstruite à la même époque, la rue Sadi-Carnot regroupe plusieurs hôtels particuliers d’industriels de la ville. Sous l’action notamment des architectes Charles Bourgeois et Jean-Baptiste Maillard, ces constructions mêlent les styles Art Nouveau, Art Déco et régionaliste pour former un ensemble d’un bel éclectisme.
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Le nom de Neuve-Chapelle est aujourd’hui gravé avec ceux d’autres batailles sur l’impressionnant mémorial édifié à la mémoire de 4 847 soldats du corps indien de l’armée britannique dont les dépouilles sont portées disparues. Ce mémorial localisé au carrefour dit de La Bombe, inauguré le 7 octobre 1927, est l’œuvre de l’architecte Sir Herbert Baker. De forme circulaire, il est fermé d’un côté par un mur ajouré, orné de sculptures représentant des insignes de l’Armée de l’Inde, et de l’autre par un mur plein où les noms des soldats disparus sont inscrits. On aperçoit une colonne flanquée de deux tigres, surmontée d’un Lotus impérial, de la couronne impériale, de l’Etoile de l’Inde et au pied de laquelle des noms de bataille sont gravés. On peut lire God is one, His is the victory en anglais, arabe, hindi et gurmukhi. Tous les mois de novembre, une importante cérémonie commémorative est célébrée dans le mémorial.
Au début du mois d’octobre 1914, la guerre gagne le territoire situé entre Béthune et Armentières. Rapidement, le village de Neuve-Chapelle, proche du carrefour entre les routes Béthune-Armentières et La Bassée-Estaires devient l’enjeu d’importants combats. Le 28 octobre 1914, l’armée britannique engage son corps indien dans le village qui reste finalement aux mains des Allemands. Le 10 mars 1915, la 1ère Armée britannique souhaite le reconquérir, prendre la crête d’Aubers et ouvrir la route de Lille. Le front d’attaque s’étire, depuis l’emplacement du mémorial indien, sur trois kilomètres vers le nord. Les Britanniques mobilisent 340 canons et deux corps d’armée, soit près de 40 000 hommes. Après 35 minutes de bombardement, le corps indien s’élance contre les tranchées situées face au mémorial. Le IVe corps britannique attaque plus au nord. Vers 10 heures, le centre du village est conquis. Différents points de résistance aux extrémités et les renforts allemands empêchent l’exploitation du succès initial. Pendant trois jours, assauts et contre-attaques meurtrières s’enchaînent. La conquête d’une bande de terrain de 800 mètres de profondeur a causé d’importantes pertes : près de 13 000 Britanniques et autant de soldats allemands.
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En 1924, le Portugal décide de créer un cimetière militaire au cœur du secteur tenu par ses troupes à partir de 1917, épicentre de l’offensive allemande du 9 avril 1918. Y reposent les corps de 1 831 portugais tués sur le front occidental. Une cérémonie commémorative s’y déroule tous les ans en avril.
En février 1917, le Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) commandé par le général Tamagnini débarque à Brest pour renforcer les troupes alliées. Fort d’environ 55 000 hommes répartis principalement en deux divisions d’infanterie, le CEP fait route vers le Pas-de-Calais où un camp d’entraînement établi à Marthes, proche d’Aire-sur-la-Lys, est utilisé pour apprendre les techniques de combats propres à la guerre des tranchées et l’usage du masque contre les gaz. L’armée britannique lui fournit les armements et les casques puis l’intègre dans sa zone de combat. En avril 1917, les premières unités portugaises entrent en ligne dans le secteur de Neuve-Chapelle, relativement calme depuis les terribles batailles de 1914 et 1915. C’est là que des soldats portugais remarquent la statue d’un christ mutilé et l’installent dans leurs positions, espérant ainsi s’attirer une protection divine. Puis le secteur est étendu vers Fauquissart. Les quartiers généraux sont installés à Laventie, La Gorgue, Lestrem et Saint-Venant. Le 8 avril, la 2ème division portugaise apprend qu’elle doit se préparer à être relevée le lendemain. Mais le 9 avril, à 4 heures, les Allemands déclenchent un terrible pilonnage d’artillerie, prélude à leur offensive de printemps dans le Nord qui doit couper le front britannique en deux et ouvrir la route de Calais. Le secteur d’attaque, tenu par le corps portugais et des divisions britanniques affaiblies, se situe entre Givenchy et Bois-Grenier. La 6ème armée allemande perce le front et parvient à éliminer les îlots de résistance. De nombreux soldats portugais sont faits prisonniers ou mis en déroute. Seule la 55ème division britannique parvient à bloquer les Allemands à Givenchy.
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Dès 1914, les Allemands occupent le secteur de Piètre. Depuis l’observatoire juché sur l’un des grands peupliers, ils observent la ligne britannique qui passe à proximité de l’église de Fauquissart. Le paysage du secteur est caractéristique de la ligne de front dans le Bas-Pays. Le terrain plat et humide, parcouru par de nombreux fossés, parfois marécageux, a contraint les troupes à édifier des tranchées peu profondes dotées de parapets surélevés formés de sacs remplis de terre. Les Allemands n’hésitent pas à édifier des abris bétonnés. L’un d’eux, proche de la rivière des Laies, semi enterré, est un abri passif. Un escalier débouche sur un couloir desservant trois pièces. La présence d’ouvertures techniques au ras du sol laisse penser que l’abri était doté d’une pompe refoulant l’eau des tranchées dans la rivière.
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L’itinéraire n’est plus balisé sur cette portion, il est conseillé de suivre les panneaux directionnels « Fromelles Australian Memorial Park » de la Commonwealth War Graves Commission
Alors que la bataille de la Somme fait rage depuis le 1er juillet 1916, le général Haig ordonne une diversion dans le secteur de Fromelles face à la Crête d’Aubers. Le 19 juillet 1916, à 18 heures, la 61e division britannique en sous-effectif et l’inexpérimentée 5e division australienne attaquent. La diversion est un échec. Seuls les Australiens s’emparent momentanément de la première ligne allemande. Les pertes sont effroyables. 1 557 soldats anglais et presque autant d’Allemands sont mis hors de combat. À l’issue de leur première intervention sur le Front Ouest, les Australiens subissent 5 533 pertes. La 61e division est commémorée par une plaque fixée au mur de la mairie de Laventie, là où elle cantonnait.
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Profitant de la défection russe, les Allemands lancent au printemps 1918 d’importantes offensives afin de percer le front et remporter la victoire. L’une d’elle, l’Offensive Georgette, déclenchée le 9 avril 1918 entre Givenchy et Bois-Grenier, provoque la bataille de la Lys. La 6e armée allemande, grâce à un violent bombardement, à l’utilisation des gaz et l’emploi localisé des Sturmtruppen, troupes de choc composées de soldats d’élite, parvient à rompre le front allié. La 40e division britannique est chassée de Fleurbaix et la 2e division portugaise de Laventie. Le soir, les Allemands franchissent la Lys à Bac-Saint-Maur. Dès le lendemain, le terrain d’attaque est élargi vers le Nord. Les villes d’Armentières, Merville et Bailleul sont successivement occupées. La bataille s’épuise à la fi n du mois en lisière de la forêt de Nieppe. L’armée allemande crée alors plusieurs cimetières militaires, notamment à Laventie et Sailly-sur-la-Lys, où sont inhumées les dépouilles des combats d’avril et de l’été 1918. Après guerre, les tombes allemandes dispersées dans de petits cimetières provisoires sur le territoire de Laventie sont rassemblées dans cette nécropole concentrant 1 978 sépultures. Certaines croix funéraires portent jusqu’à quatre noms. L’espace, conçu comme un parc naturel propice au souvenir, est entretenu par le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge.
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Pendant quatre ans, les boyaux de communication menant aux premières lignes britanniques ont leur entrée dans les environs de la rue du Bacquerot située à près d’un kilomètre du champ de bataille de Neuve-Chapelle. Une ferme abrite un poste de secours qui traite les blessés dès la sortie des tranchées. Les soldats qui peuvent être évacués et soignés sont acheminés vers la Casualty Clearing Station d’Estaires ou de Merville. Les blessés décédés au poste de secours sont inhumés dans le cimetière attenant. Les soldats indiens morts en 1914 et 1915 sont inhumés dans un carré spécial.
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De nombreux soldats appartenant au Royal Sussex Regiment reposent dans ce cimetière depuis le 30 juin 1916, date de la bataille dite de la Tête de Sanglier. Celle-ci tire son nom d’un saillant allemand, situé à proximité de la rue du Bois et du Mémorial Indien, créé en 1915 suite à la bataille de Festubert. L’opération du 30 juin 1916 est une action de diversion à la bataille de la Somme déclenchée le lendemain. La 39e division doit conquérir les premières lignes allemandes. Au bout de quelques heures, les troupes d’assaut se replient. Les pertes sont lourdes : plus de 1 000 hommes. La plupart des blessés transitent par le poste de secours installé dans la ferme voisine du cimetière.
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En 1914, il existe deux communes distinctes : Richebourg l’Avoué, sur laquelle se trouve la ligne de front, et Richebourg Saint Vaast située à l’arrière des lignes alliées. Dans les hameaux éloignés du front, au Bout del Ville par exemple, des familles continuent à vivre au milieu des soldats et sont victimes de la violence de guerre. Après l’armistice, les habitants de retour dans un paysage dévasté unissent leurs efforts pour reconstruire les villages. Un monument aux morts, représentant le gisant d’un poilu, commémore 97 Richebourgeois tués à la guerre. Témoin des destructions, la statue d’un Christ mutilé par les obus a été accrochée sur le mur extérieur de l’église, côté cimetière.
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En 1917 et 1918, les Alliés édifient une ligne de résistance, ponctuée de points fortifiés ou réduits défensifs, reliant le bourg de La Couture et les villages situés à l’arrière du front. Des soldats portugais commandés par le colonel Bento Roma y résistent le 9 avril 1918 lors de la bataille de la Lys. Pour cette raison, le gouvernement portugais souhaite édifier un monument commémoratif à La Couture, inauguré le 10 novembre 1928. C’est une œuvre en pierre et bronze du sculpteur portugais Teixeira Lopes qui met en scène une femme, effigie de la patrie, tenant l’épée de Nuiv’Alwarez, héros de l’indépendance. A ses côtés, un soldat portugais terrasse la Mort dans un décor de cathédrale gothique détruite.
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Plus de 13 000 soldats britanniques tués sur le front entre Givenchy et Neuve-Chapelle en 1914 et 1915 n’ont pas de sépulture connue. Le Mémorial du Touret, construit selon les plans de l’architecte Truelove et inauguré le 22 mars 1930 conserve leur mémoire. Une longue galerie mène à une cour intérieure où l’on trouve les noms des batailles gravés. La bataille de La Bassée, du 10 octobre au 2 novembre 1914, met un terme à la Course à la Mer et marque le début de la guerre de position. Les autres batailles sont d’importantes attaques locales destinées à rompre le front ou à jouer le rôle de diversion aux opérations françaises en Artois de 1915. Beaucoup de soldats sont tués lors des combats de Neuve-Chapelle, Givenchy, Aubers, Festubert ou Cuinchy. Dès octobre 1914 et jusqu’en mars 1915, le village de Neuve-Chapelle est l’objet de sanglants engagements. En décembre 1914 et en juin 1915, Givenchy est le théâtre de terribles combats opposant les Britanniques aux Allemands qui, selon les circonstances, déclenchent ou subissent l’attaque. À Cuinchy, de sérieuses attaques se déroulent en février 1915. Le 9 mai, la bataille d’Aubers est lancée par les Britanniques sur deux secteurs. Dans la zone sud, située le long de la rue du bois à Richebourg, les soldats du 2nd Munster, dont le pasteur est connu pour avoir célébré une dernière absolution la veille de l’attaque, y subissent de lourdes pertes. Les combats du secteur nord se déroulent entre Fromelles et Fleurbaix. Peu après, du 15 au 25 mai 1915, les troupes britanniques et canadiennes s’emparent au prix de très lourdes pertes, d’une portion du front lors de la bataille de Festubert. Les années 1916 et 1917 sont relativement plus calmes dans ce secteur.
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Le mémorial de la 55ème division West Lancashire a été inauguré le 15 mai 1921, en présence du Lord Maire de Liverpool et du Maréchal Joffre. La rose symbolise le comté du Lancashire. Le projet, porté par des vétérans, commémore notamment la résistance de la division à Givenchy lors de l’offensive allemande du 9 avril 1918. Tout au long de la guerre, le village a été l’enjeu de terribles combats. En décembre 1914, les Allemands s’en emparent quelques heures avant d’être repoussés par les Britanniques. En 1915 et 1916, la guerre des mines y est mise en œuvre. Le monument commémoratif édifié en 2010 à côté du mémorial commémore les tunneliers, notamment britanniques, victimes de ce type de combat dans le secteur.
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Avant la destruction totale de la ville de Bailleul en 1918, la Grand’ Place, de forme rectangulaire, était le centre principal de la ville. De nombreuses échoppes s’y trouvaient : horloger, bijoutier, épiceries, cordonniers, chapelier, grainetier, boulangers, tailleurs d’habits, coiffeur, photographe, quincaillerie, magasin de jouets, etc. Le nombre de cafés et estaminets était estimé avant-guerre à une vingtaine. Les maisons bourgeoises toutes alignées et concentrées en centre-ville étaient d’un point de vue architectural dominées par le style classique du XVIIIe siècle avec des façades enduites et blanchies, percées de fenêtres rectangulaires et droites.
Dès mars 1919, la municipalité réfléchit à un nouveau plan d’aménagement et d’alignement pour la ville. Plusieurs projets sont proposés et c’est celui de Louis-Marie Cordonnier qui sera retenu et approuvé par le conseil municipal le 25 mars 1920 : celui-ci repose sur un maintien du plan ancien avec réimplantation des principaux monuments et des rues élargies convergeant vers la Grand’Place.
Concernant l’architecture, c’est le style néo-flamand, inspiré de plusieurs demeures de Bruges, qui va s’appliquer autant pour les bâtiments publics que les maisons et même certaines façades d’usines, redonnant un nouveau visage à la vil
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Du XIe au XIIIe siècle, une nouvelle classe de la société émerge : les bourgeois. Ces marchands et entrepreneurs (souvent des drapiers à Bailleul) revendiquent le droit de s’administrer eux-mêmes. Les beffrois sont ainsi élevés dans les communes qui ont obtenu du Comte de Flandre des chartes de liberté. Le beffroi de Bailleul est aussi utilisé comme tour de guet pour la surveillance de la ville et des environs pendant les guerres et il fut témoin des incendies et reconstructions successives. Cette fonction est rappelée aujourd’hui par la présence de la girouette Mélusine, située au sommet du beffroi et veillant sur la ville.
Fin mars 1918, un obus allemand éventre le beffroi et, quelques jours plus tard, les batteries alliées détruisent complètement l’édifice pour repousser les troupes allemandes entrées dans la ville. Seuls subsisteront les murs de la salle gothique, datant du XIIIe siècle, aujourd’hui classée monument historique.
Après la guerre, l’architecte Louis-Marie Cordonnier est chargé de la reconstruction de l’hôtel de ville et du beffroi, inaugurés en 1932, puis inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2005. En levant la tête vers le beffroi, se dévoilent successivement : à la base, la salle gothique puis au niveau du balcon, le bureau du Maire, surmonté de la salle des archives qui contenait autrefois les précieuses chartes, puis les horloges sous le chemin de ronde. Plus haut, le campanile abrite un carillon composé de 35 cloches. Il sonne tous les quarts d’heure des airs flamands. L’élément le plus remarquable de l’hôtel de ville est le perron doté d’une bretèche. Les représentants du magistrat venaient y lire les ordonnances ou annoncer les manifestations importantes. Plus haut, une niche abrite la statue de Notre-Dame de Foy, protectrice des foyers.
Aux heures d’ouverture de la Mairie, chacun peut découvrir sur le grand vitrail qui surplombe l’escalier d’honneur les activités économiques qui ont fait la richesse de la ville : la dentelle, la poterie, le filage du lin, le tissage du drap de laine, ainsi que les cultures régionales : lin, blé, houblon et pomme de terre.
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À l’emplacement actuel des châteaux d’eau se trouvait une école communale de garçons qui est réquisitionnée pendant la guerre par les autorités britanniques et transformée en pharmacie militaire. L’une des unités médicales britanniques, le n° 53 Casualty Clearing Station, s’y installe en septembre 1915.
La fontaine publique était alors située devant cette école. Elle y avait été installée en 1844, captant les eaux des sources du Mont Noir pour pallier le manque d’eau chronique de la ville. Huit bornes permettaient de redistribuer cette eau en quantité suffisante à la population.
Le premier château d’eau est construit en 1882 contre le pignon de l’Église saint Vaast et sera détruit lors des bombardements de 1918 sur Bailleul. En 1921, un nouveau château d’eau est érigé à l’emplacement le plus élevé de la ville, permettant ainsi d’alimenter les nouvelles maisons à plusieurs étages. Les architectes sont alors amenés à déplacer l’école des garçons. Le second viendra s’y ajouter en 1961, alimenté par les eaux des collines de l’Artois à 40 kilomètres de Bailleul.
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Le musée s'est constitué en 1861 suite au legs consenti à sa ville natale par un riche collectionneur, Benoît De Puydt. Tout au long de sa vie, ce greffier, curieux et passionné, a rassemblé un important ensemble d'objets d'art témoins de la culture flamande du XVe au XIXe siècle. Les donations successives d'artistes et d'amateurs ont renforcé le charme si particulier de ce musée.
Pendant la Grande Guerre, le musée reste ouvert aux militaires et aux invités de marque, qui le surnomment « le petit Cluny » en référence au musée parisien. En mars 1918, deux camions militaires évacuent une petite partie des collections vers la Normandie. Le bâtiment du musée est entièrement détruit. Le volume des œuvres abandonnées est estimé à 70%. C'est grâce aux dommages de guerre que la collection est reconstituée. Pour redonner vie à une partie des peintures disparues, le musée Benoît-De-Puydt présente aujourd’hui leur description soigneusement rédigée en 1881 par le conservateur de l’époque, sur des panneaux aux dimensions d'origine des œuvres. À chacun d'imaginer ce que représentaient ces « tableaux fantômes ».
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Au numéro 30, la maison d’Ignace de Coussemacker (1842-1890), historien, est utilisée pendant la guerre comme lieu de culte. Elle est ornée d’un fronton votif et d’un cartouche portant l’inscription : « cette maison est l’un des rares immeubles qui aient survécu à la destruction de notre ville en 1918, loué soit le cœur adorable de Jésus ». Son architecture se distingue en effet des maisons voisines datant de la reconstruction, comme le numéro 36, dont la façade est faite de brique ocre côtoyant la pierre se déployant en volutes, pinacles, coquilles, frontons.
Au numéro 3, la salle Marguerite Yourcenar a été conçue en 1923 par l’architecte René Dupire pour servir d’église provisoire à la paroisse saint Vaast, puis comme salle des œuvres paroissiales. Lourdement endommagée par les bombardements de 1940, elle a été restaurée à l’économie. Malgré ces pertes, l’architecture reste d’une grande qualité ; les références flamandes médiévales sont précises, érudites même. On remarque des arcs Tudor surmontant les portes d’entrée.
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L’église d’avant-guerre était une hallekerk : église-halle à trois nefs de hauteur et largeur égales, séparées par des colonnes ; un style très en vogue en Flandre à partir du XVe siècle. À l’époque, le jardin public, espace de rencontre des Bailleulois, se situait à l’arrière de l’église.
Lors de la reconstruction, le chantier doit être suspendu de 1926 à 1930 du fait de difficultés financières : les devis sont diminués de moitié et les ambitions des architectes L.M et L.S. Cordonnier doivent être revues. Cependant, la qualité des matériaux s’impose dans l’élévation de cet édifice « néo-romano-byzantin » au style éclectique : on y retrouve l’art roman dans les tympans, la tour, le chevet, la chaire et le maître-autel ; l’Art-Déco dans le buffet d’orgue ; l’art égyptien dans les chapiteaux et les confessionnaux ainsi que celui de Ravenne dans l’utilisation des mosaïques. Lucien Detrez définit le programme iconographique exécuté par Camille Debert pour les sculptures et Charles Hollart pour les cartons des vitraux historiés. Ces vitraux retracent l’histoire de Bailleul dans le déambulatoire, et celle des saints de Flandre dans le transept. La chapelle absidiale est consacrée à saint Antoine ermite. Ce saint a fait l’objet d’une dévotion particulière à Bailleul comme saint protecteur et guérisseur.
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Ces deux maisons sont l’œuvre de l’architecte Jacques Barbotin. Celle du n°4 est inspirée d’une vieille maison brugeoise. C’est l’une des plus imposantes de la reconstruction. Sa façade se déploie sur près de 17 mètres et s’articule en trois trames. Le pignon central souligne l’axe de symétrie. L’ornementation est d’une grande qualité et les motifs décoratifs abondants : porte à panneaux, encadrement à claveaux saillants, cartouche baroque, balconnet, niche votive, lucarnes coiffées de lanternons …
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Il se dresse à l’emplacement de l’ancienne église saint-Amand qui fut la chapelle des Jésuites érigée au XVIIe siècle. Le monument évoque l’anéantissement de la ville, le sacrifice des victimes militaires et civiles et les morts de la guerre de 1870. L’architecte J. Barbotin a composé cet édifice à partir de matériaux provenant des débris des principaux monuments de la ville (beffroi, églises saint Vaast et saint Amand). Sur ce fond de désolation, jaillit une Victoire ailée au formidable élan vital. (Sculpteur Camille Debert).
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Construite en 1925, cette école est dédiée à l’enseignement de la dentelle aux fuseaux. La brique jaune, les pignons à gradins, les fenêtres à losanges, les fers d’ancrage, la couverture débordante et les huisseries confèrent au bâtiment un caractère néo – flamand remarquable. En façade, un blason de pierre de taille montre une jeune dentellière à l’ouvrage et un bobinoir à fuseaux. L’inscription « Le Retour au Foyer » fait référence à l’association qui a permis de relancer l’enseignement de la dentelle dont l’un des mécènes est l’avocat et philanthrope américain William Nelson Cromwell présenté en buste.
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En 1713, le traité d’Utrecht ratifie le rattachement d’Ypres et de sa châtellenie à la Maison d’Autriche et provoque le transfert à Bailleul du bailliage et siège présidial, cour de justice pour toute la « Flandre française du côté de la mer ». Expression du classicisme français, ce bâtiment érigé en 1776 est le seul bâtiment public de Bailleul à avoir échappé à une destruction totale. Il est restauré en 1920 pour relever les deux travées de droite et la toiture abattues pendant la guerre.
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Ce monument a été érigé sur sollicitation du War Office de Londres, en souvenir de la 25e Division britannique qui a contribué à tenir le front des Monts de Flandre entre 1915 et 1918 au prix de très lourdes pertes. Les faces du monument évoquent le nom des unités de la Division et les lieux des batailles auxquelles elle a pris part, en hommage aux 13 290 hommes de ses rangs qui y ont péri. Y figurent également les armoiries de la Grande-Bretagne et de Bailleul porteuses de la Croix de Guerre décernée à la ville le 7 juin 1921 lors de l’inauguration du monument.
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Le jardin public de Bailleul doit son nom à Jean Plichon, député du Nord à partir de 1888. Sa maison située au n°8 de la rue Saint Jacques a été détruite en avril 1918 lors de l’offensive allemande. Après-guerre, il fait don du terrain à la municipalité en vue de la création d’un jardin public. Dans son discours inaugural, il déclare que la ville de Bailleul méritait bien sa réputation de « cité jardin » ; de nos jours, on aime à la nommer « une ville à la campagne ». L’ancienne école des filles, aujourd’hui école maternelle et élémentaire mixte, a été construite en 1923 par l’architecte René Dupire. En briques ocres, elle possède une façade qui s’organise autour d’un pavillon central très ornementé et doté d’un fronton découpé. Les fenêtres, abondantes, permettent l’éclairage direct des classes. La toiture en ardoise comporte 22 lucarnes également couvertes d’ardoises.
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Considérée comme l’une des plus belles réussites de la reconstruction dès son achèvement en 1926, elle est l’œuvre de René Dupire architecte. Elle occupe l’ancien emplacement de l’école des filles et du pensionnat des Dames de saint Maur d’avant 1914. À sa construction, l’école des garçons comprend quatre bâtiments distincts organisés autour d’un jardin : le bâtiment des classes, les bains douches et deux logements. Disposé en retrait de la rue, le bâtiment des classes avec sa façade monumentale de 45 mètres de long, valorise, par un jeu d’ombre et de lumière, la brique jaune de sable choisie comme matériau. La partie centrale en avancée est reliée au bâtiment des anciens bains douches. Celui-ci était destiné tant aux élèves qu’aux habitants de la cité qui ne possédaient pas de salle d’eau dans leur habitation. Il souligne la volonté moderniste de la municipalité de l’époque de renforcer la salubrité publique à l’occasion de la Reconstruction. Ce magnifique bâtiment est aujourd'hui occupé par la médiathèque municipale.
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Le Bailleul Communal Cemetery est créé dès octobre 1914 près du cimetière communal pour y enterrer les victimes militaires britanniques, françaises et allemandes. Bailleul étant une ville d’hôpitaux, les différentes batailles, dites de « Ypres », y amènent de nombreux blessés. Fin 1915, une extension de ce premier cimetière militaire est créée dans laquelle sont inhumées plus de 4500 victimes, le plus souvent britanniques ou originaires des contrées de l’Empire britannique comme l’Australie, La Nouvelle-Zélande, le Canada et l’Inde.
Après l’armistice de 1918, les tombes des petits cimetières militaires aux alentours de Bailleul sont transférées vers le Communal Cemetery Extension et les croix de bois sont remplacées par des stèles blanches. Sur le côté sud-est du cimetière, deux imposantes chapelles, s’apparentant à des temples grecs, entourent la Pierre du souvenir sur laquelle on peut lire : Leur nom vivra à jamais (Their name liveth for ever more). Un troisième cimetière britannique Outtersteene Communal Cemetery Extension est situé dans un hameau de Bailleul et contient en tout 1397 tombes.
Aujourd’hui, nombre de jardiniers de la Commonwealth War Graves Commission s’activent tout au long de l’année pour entretenir ces cimetières dont le fleurissement est continu du printemps à l’automne.
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