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La « bataille de Festubert » désigne une série d’actions confuses, engagées par des troupes britanniques, indiennes et canadiennes, sur le secteur de front situé en Flandre française, à l’ouest de Lille, entre le 15 et le 27 mai ; ces attaques constituaient, six jours après le désastre enregistré à Neuve-Chapelle quelques kilomètres plus au sud, la contribution britannique à la grande offensive française sur la zone de Vimy-Lorette, au moment où celle-ci s’enlisait après des succès initiaux spectaculaires.
Les Britanniques acceptent également de relever une division française au sud du canal de La Bassée, afin de permettre à leur allié de concentrer ses forces.
La préparation d’artillerie dure trois jours ; 433 canons, de divers calibres, tirent 100 000 obus sur un front de 5 km. Mais le bombardement se révèle, en grande partie, inefficace car de nombreux obus sont défectueux et, surtout, il ne parvient pas à disloquer le front allemand ; en outre, à plusieurs reprises lors de l’offensive, la confusion qui règne sur le champ de bataille aboutit à la mort de nombreux soldats du fait de leur propre artillerie, et ce pour les deux camps.
Lancée le 15 mai par deux divisions d’infanterie, composée en majorité de soldats indiens, l’attaque se traduit, au début, par des succès tactiques et la prise de plusieurs secteurs du front allemand, contraignant l’ennemi à se replier sur la seconde ligne. Un nouvel assaut, confié cette fois à des unités canadiennes, est déclenché le 18 mai, sous une pluie torrentielle : il échoue en raison de l’arrivée de renforts allemands et des pertes infligées par l’artillerie. Une troisième série d’attaques, entre le 20 et le 24, aboutit à la prise des ruines du village de Festubert. Au total, en douze jours d’efforts, l’armée britannique n’a progressé que d’un kilomètre, sur une faible largeur de front. Lorsque l’offensive est définitivement arrêtée, le 27 mai, les Britanniques ont enregistré 16 000 pertes, sans avoir pu aider, de façon significative, l’offensive française sur Vimy.
Si beaucoup de soldats ont été victimes de l’artillerie et des mitrailleuses, d’autres ont péri dans des corps à corps ; certains sont morts noyés dans les tranchées et les fossés de drainage inondés.
Ce nouvel échec entraîne une crise politique en Grande-Bretagne, après que le commandant en chef, French, se soit plaint, auprès d’un journaliste, de l’insuffisance quantitative et qualitative des munitions d’artillerie. Le gouvernement Asquith est renversé et cède la place à un cabinet de coalition, dans lequel figure, pour la première fois, un « ministre des Munitions », David Lloyd George. Le Royaume-Uni est, dès lors, entré dans la guerre totale, au moment où la « nouvelle armée » de volontaires est en cours d’organisation et d’entraînement.
Yves LE MANER
Directeur de La Coupole,
Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais